Saturday, 21 April 2007

Elan de l'ame

ELAN DE L'AME

ECRIT EN 1954

PAR

SA SAINTETE AMBA SHENOUDA III

PAPE ET PATRIARCHE D'ALEXANDRIE
ET DU SIEGE APOSTOLIQUE DE TOUTE LA PREDICATION DE SAINT MARC








Ecrit en 1954
Première édition: 1957
Traduit en 1999 de la quatrième édition arabe 1974
par un copte orthodoxe du Caire.


















Tous les droits sont réservés à l'auteur du livre:
Sa Sainteté Amba Shenouda III,
Pape d'Alexandrie et Patriarche de la Prédication Apostolique de Saint Marc L'Evangéliste.







































TABLE DES MATIERES

Préface
Elan de l'âme
Dégagement des liens
La limite des quatre murs
Plus grand que le ciel et la terre
Il était absorbé dans son sommeil
Connaissez-vous vous-même
Vous-même et les louanges des autres
Votre personne et les offenses des gens
Dégagez-vous de vous-même
Votre personne devant Dieu
Dégagez-vous de vos convoitises terrestres
Dégagez-vous du pouvoir des sens
Je ne veux rien du monde
L'instruction par Dieu
Libérez-vous de l'amour de l'enseignement
Dégagez-vous du sentiment de possession
Dégagez-vous du pouvoir de votre personne
Pauvres
Ceci se passa cette nuit-là
Et ils m'ont laissé seul















PREFACE

Il était sept heures du soir et le silence planait sur les lieux, quand je commençai à piétiner le sable du désert avec mon père le moine. Tantôt nous marchions, et tantôt nous nous arrêtions, en méditant sur des sujets trop élevés pour être écrits par une plume humaine.
Notre marche se prolongea sans que nous nous apercevions, ou plutôt sans que nous voulions nous en apercevoir, jusqu'à ce que notre randonnée fut enfin terminée au seuil du monastère; et alors nous nous assîmes pour discuter le sujet des élans de l'âme.

L'ELAN VERS LA CONNAISSANCE DE DIEU

Je confesse devant Vous, Seigneur, que la direction de mes écrits aurait dû changer. Je confesse, honteux, que j'ai souvent parlé de la vertu aux gens, et que je leur ai peu parlé de Vous; tandis que'il fallait que vous soyiez, Vous, le tout en tout.
Cependant, je dois nécessairement vous connaître pour parler de Vous. Comment pourrai-je vous connaître tandis que je suis un être humain limité, et que Vous êtes le Dieu Infini?! Plutôt comment vous connaîtrai-je tandis que Vous êtes l'Inconcevable qui ne peut être examiné, la lumière inapprochable que nul homme ne peut voir, puis vivre...?!
J'ai essayé de demander à vos saints qui Vous ont connu, ou bien à ceux qui ont eu quelque connaissance de Vous. Je me suis approché de l'apôtre Paul qui monta au troisième ciel, et je l'ai questionné à propos de Vous, et il dit que ce qu'il avait entendu et vu sont des choses "ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer" (2 Cor. 12:4). Jean le bien-aimé aussi, qui avait vu une porte ouverte dans le ciel, et avait aperçu le trône de Dieu, ne nous explique son Apocaplypse que par des symboles qui ne peuvent rendre l'image elle-même de la vérité telle qu'elle est......
Parfois je me demande est-ce par orgueil que j'essaye de Vous connaître, tandis que j'ignore la vérité sur moi-même, et que j'ignore beaucoup de choses humaines et matérielles? Si je ne sais pas ce que je suis moi-même, comment connaîtrai-je mon créateur?
Si je ne connais pas encore votre ciel et vos anges, comment connaîtrai-je votre personalité divine?
Tout ce que je sais de Vous, c'est Vous qui nous le découvrez de vous-même; et Vous ne découvrez que ce que nous pouvons supporter. Car si vous nous découvriez davantage, notre nature humaine se tiendrait éblouie et stupéfaite, notre intelligence ayant cessé de comprendre et notre vocabulaire étant incapable d'exprimer; et elle confesserait que ce qu'elle voit est ineffable.
Pour Vous connaître, j'essaie de sortir des bornes des livres avec tout ce qu'ils contiennent de profondeur, et parfois même de sortir des limites des connaissances de l'intelligence, afin de donner à l'âme dans son élan, l'espace la plus large où elle surpassera de loin l'intelligence......Mais notre âme humaine est limitée......limitée dans ses aptitudes, dans ses dons et dans sa connaissance......et aussi elle souffre beaucoup du brouillard de ce corps matériel......
Est-ce que donc nous Vous connaîtrons, Seigneur, dans le royaume éternel, est-ce que nous Vous verrons face à face, comme dit votre serviteur Paul? Je suis vraiment perplexe devant l'expression "face à face".
Dans le royaume, malgré la résurrection glorieuse et les corps lumineux spirituels dont nous serons vêtus, nous resterons nécessairement comme nous le sommes, des êtres humains limités.......
Vous nous révèlerez quelque chose de Vous-même que nous ne connaissons pas dans le monde, et nous nous en réjouirons et serons heureux, puis Vous nous découvrirez encore plus et plus, autant que nous pourrons supporter. Peut-être Vous nous révèlerez davantage jusqu'à ce que chacun de nous s'écrie d'une âme malade d'amour et dise: "assez, assez".......et Vous continuerez à élargir nos cœurs et nos âmes pour qu'ils absorbent le supplément.......et Vous resterez, Seigneur, comme Vous l'êtes.......Infini........et nous resterons comme nous le sommes, malgré notre élargissement, limités et ayant quelque connaisance partielle de Vous.........
Le temps se prolongera dans l'éternité, tandis que nous jouirons de votre connaissance, goûtant et voyant combien le Seigneur est bon, et découvrant à tout instant du nouveau de Vous; alors nous nous nourrirons de cette connaissance douce et rassasiante, mais nous ne pourrons jamais Vous comprendre complètement.
Quand donc Vous connaîtrons-nous de la vraie connaissance?
Notre-Seigneur Jésus-Christ répond en disant: "la vie éternelle c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu" (Jean 17:3)........Votre connaissance n'est donc pas le sujet de quelques années ou de quelques jours, mais sa route est toute l'éternité, l'éternité infinie.......
S'il en est ainsi dans l'éternité, que dirons-nous de notre ignorance sur terre? Est-ce que vraiment nous savons quelque chose?
C'est pourquoi, je vous supplie, ô Créateur suprême, de m'excuser si je parle aux gens de la vertu plus que je leur parle de Vous. Cela est dû à deux raisons:
La première raison: c'est que je ne sais pas. Tout ce que je sais c'est que j'adresse une prière à Vous pour que Vous révéliez quelque chose de Vous-même, et ce que Vous me révélerez, je l'annoncerai aux gens, afin qu'ils aient sur la terre, l'expérience du goût du royaume.
La seconde raison: c'est que quand je leur parle de la vertu, c'est parce que je veux qu'ils préparent leurs cœurs pour votre connaissance. Je veux qu'ils élèvent l'encens des vêpres et des matines sur l'autel de ce cœur afin qu'il soit digne des saints mystères.
Par nous-mêmes, nous ne savons pas, mais nous voulons nous préparer par votre grâce, pour votre connaissance qui vient de chez Vous-même avec ce que Vous nous révélez, et qui ne vient ni de l'effort de nos esprits, ni même de l'effort de nos âmes. Tout en étant nécessaire, toute l'agonie de nos esprits et de nos âmes est comprise en réalité, dans le sens de la prière ou de la supplication., afin que la maison soit remplie de nuages, et que le feu soit embrasé dans le buisson, et que Dieu se révèle......alors le cœur se prosternera humblement, et il chantera en action de grâces: "Vous m'avez donné la science de votre connaissance".
Cette connaissance divine est la perle précieuse pour laquelle le commerçant vendit tous ses biens et l'acheta.
Il se peut qu'il soit parmi ces biens que vendit ce commerçant, ce que nous gardons dans nos esprits, de connaissances humaines nombreuses qui occupent tout notre temps afin que nous ne nous occupions pas exclusivement de votre connaissance, et que nous ne nous asseyions pas avec Marie à vos pieds, tandis que Vous versez dans nos cœurs l'eau vive que celui qui en boira n'aura jamais soif.........
Puissions-nous poursuivre cette connaissance, et la rechercher de tous nos cœurs, et la trouver à l'intérieur de nous, au fond de nos profondeurs, là où Vous demeurez, et là où se trouve votre temple sacré qui a été consacré le jour où nous avons reçu de Vous la sainte onction.
25 Décembre 1973
16 Kiahk 1690
















LA LIBERATION DES LIENS

Sédiments et liens:
Je ne veux pas dire le détachement de l'âme du corps, ce que Simon le vieillard avait signifié quand il disait : "Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole....."(Luc 2:29). Mais je veux dire l'élan de l'âme tout en étant dans le corps, son dégagement de toutes les attaches et de tous les liens qui l'entourent, quand la paix complète commence, et l'homme vit dans la liberté des enfants de Dieu.
Avez-vous vu, mon cher frère, l'enfant après son baptême, quand son âme est libre et dégagée comme Dieu l'avait créée en lui? Savez-vous ce qui lui arrive ensuite?! Le monde, les coutumes et l'environnement déposent sur son âme plusieurs sédiments qui l'attachent de liens nombreux et qui l'empêchent de s'élancer là où elle voudrait aller pour s'unir à Dieu et demeurer en Lui. Tout ce que les enfants de Dieu recherchent, c'est le dégagement de leurs âmes de tout ceci: leur dégagement des liens du monde, de l'environnement, et aussi des liens des sens et de la sagesse humaine.....
Là, le père moine se retourna et dit: "Est-ce que certaines gens comprennent que notre Seigneur Jésus-Christ quand il dit: "si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux" (Matt. 18:3), Il voulait dire: "si vous ne devenez petits comme les enfants...."? Non, Mais il voulait dire: "si vous ne grandissez pas beaucoup dans l'âme jusqu'à ce que vous deveniez comme les enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux."
Les liens des sens:
Un moine qui était combattu par la justice propre se tint devant le grand saint Macaire. Il était arrivé à croire qu'il s'était débarrassé de l'impudicité, de l'amour des biens, et de la colère. Le saint père lui demanda ce qu'il sentait quand il voyait une femme. Il dit: Je sais que c'est une femme, mais je m'enfuis de crainte de la convoiter. Il lui demanda aussi ce qu'il sentait quand il voyait de l'argent jeté dans le désert, est-ce qu'il pouvait le différencier des cailloux. Il lui répondit qu'il pouvait faire cela, mais qu'il se défendait d'aimer l'argent. Le saint lui demanda une troisième fois ce qu'il sentait quand quelqu'un l'insultait. Il répondit qu'il sentait qu'il était insulté, mais il ne gardait pas la colère dans son cœur. Là, le saint se retourna vers le moine et l'informa qu'il était encore sous la domination des afflictions, et qu'il avait besoin de plus d'efforts, et il commença à le sermonner.......
Ce sont les liens des sens, mon ami lecteur, qui font que l'on distingue entre l'homme et la femme âgée et la jeune fille, entre la fille "belle" et la fille qui n'est pas belle.
Ce sont les liens des sens aussi qui font que l'on distingue entre l'argent et les cailloux ......et entre l'insulte et la louange.
Un moine alla vers saint Macaire et lui demanda un conseil. Le saint lui ordonna d'aller louer les morts. Il alla et les loua, et personne d'eux ne répondit. Le saint lui ordonna d'aller leur parler sévèrement. Il fit ainsi et personne ne lui répondit.
Alors le saint dit au moine: "de même toi, puisque tu es mort envers le monde, tu dois ressembler à ces morts, rien ne doit t'influencer. Mais si les gens te louent ou t'insultent, cela est égal pour toi.......
Une fois un riche apporta un don en espèces pour le monastère afin qu'il soit distribué aux moines. Le chef du monastère, en vue de présenter une exhortation pratique, mit l'argent à part, et ordonna de sonner la cloche. Les moines se rassemblèrent. Le père chef leur demanda d'être charitables et de prendre ce dont ils avaient besoin de cet argent. Quand les moines regardèrent l'or comme ils regardaient les cailloux, et n'en prirent rien malgré les instances réitérées, l'homme riche en fut très touché et demanda de devenir moine.
Mon frère bien-aimé, le monde et le corps aussi ont déposé sur nos sens plusieurs sédiments. Ceci a eu pour résaultat de faire qu'un grand nombre de choses mondaines, matérielles et corporelles nous apparaissent sous une forme plus belle et plus attirante que d'autres, et ainsi elles laissent des traces plus profondes dans l'âme.
Quand l'âme s'élève, quand elle s'élance juaqu'au point de surpasser les liens qui entravent son chemin, c'est alors que ses sensations s'élèveront beaucoup; ou bien disons, qu'elle se dégagera des sensations mondaines, et elle comprendra les choses selon une autre intelligence spirituelle.
Si votre voyage se prolonge loin de votre famille, et ensuite vous les rencontrez après une longue absence, ils vous embrasseront avec un amour ardent. Est-ce qu'alors, quand votre âme sera enveloppé d'un tel amour, vous sentirez que votre père l'homme diffère de votre mère la femme et de votre frère le jeune homme et de votre sœur la jeune fille?
Dans les incendies ou les accidents de naufrage, est-ce que le sauveteur sent que le corps qu'il porte pour sauver de la mort, est un corps d'un garçon ou d'une fille, d'un homme ou d'une femme?! Non, plutôt je vous assure que s'il sentait de la sorte, il s'exposerait à la mort, lui et la personne qu'il cherche à sauver.
Ne voyez-vous pas donc que l'âme s'élève au-dessus des sens, et qu'il y a des moments où les sens sont complètement ou partiellement arrêtés à cause de la préoccupation de l'âme par ce qui est plus grand!.......De même, dans votre vie spirituelle, vous devez vous débarrasser autant que possible des liens des sens. Alors vous regarderez les choses d'une autre façon: le désir ne vous combattra plus, le désir des yeux, ou le désir du corps, ou le désir des biens, ou le désir des femmes, ou la magnificence de la vie. Mais vous serez comme les anges de Dieu dans le ciel, regardant toutes choses avec ce regard simple dont notre Seigneur Jésus-Christ dit dans le sermon sur la montagne: "Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé".....(Matt, 6:22).
Cependant ces idées n'étaient pas le sujet de ma conversation avec mon père le moine; car nous parlions de choses plus profondes: de l'attitude des sens aux moments de réflexion et de méditation dans les choses divines. La sensation corporelle est limitée, c'est pourquoi elle ne peut sonder Dieu l'Esprit Infini. Aussi, la sensation humaine est sujette à l'erreur, et elle est souvent fautive dans sa distinction entre ce qui est faux et ce qui est juste.
Les disciples de notre Seigneur Jésus-Christ revinrent avec joie, disant: "Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. Notre Seigneur leur répondit: Ne vous réjouissez pas de cela, car leur sentiment était erroné. Regardez aussi l'assassin qui se venge pour lui-même ou pour son honneur, est-ce qu'il ne ressent pas de la satisfaction comme s'il avait accompli une action noble. C'est une sensation erronée. De même vous, mon frère bien-aimé, dans vos prières, vos jeûnes, vos retraites et vos méditations, vous avez des sensations nombreuses. Examinez-les biens, car il se peut qu'elles soient des sensations humaines malsaines.....et essayez de détacher votre âme des liens des sens.
Ainsi vous: si vous êtes tout absorbé par la prière ou la méditation, vous ne sentirez pas du tout ce qui se passe autour de vous. Peut-être des gens parleront autour de vous, et peut-être il y aura un tumulte, et peut-être des spectacles nombreux se produiront, et vous ne saurez rien de tout cela, car vous serez absorbé par d'autres choses dans le monde de l'esprit. Vos sens seront relativement entravés, car c'est votre âme qui agira.
Est-ce que certains diront de cela que c'est un transport de l'âme? Je ne sais pas, mais je sais que saint Jean le Nain, passait dans ses méditations par des périodes dans lesquelles les gens lui adressaient la parole, mais il n'entendait pas leurs voix et ne savait pas ce qu'ils disaient. On lui demandait de nouveau et le saint répondait: "que voulez-vous, mon fils?" Celui qui avait demandé répétait sa demande, et le saint ne l'entendait pas non plus, car son âme était préoccupée par d'autres choses plus importantes, plus profondes, et plus attachantes à l'ouïe et à la mémoire. On lui posait parfois des questions et il leur répondait par des méditations théologiques qui n'avaient pas de rapport à ce qu'on lui demandait, car il n'avait pas entendu ce qu'on lui disait. Son âme était détachée des sens.......
Détachement de la sagesse aussi:
Et maintenant, que dirai-je? Dirai-je qu'il faut que l'âme se dégage aussi du cercle de la sagesse humaine ? Je m'imagine que j'aimerais dire cela: "Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse de ce monde?" (1Cor. 1:20); " Le Seigneur connaît les pensées des sages. Il sait qu'elles sont vaines" (1 Cor. 3:20); "Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit: Il prend les sages dans leur ruse" (1Cor.3:19).
Malgré que l'intelligence humaine est impuissante et limitée depuis qu'elle existe; elle était dans un meilleur état le jour où Dieu créa le monde et "vit tout ce qu'il avait fait, et voici, cela était très bon".....(Gen.2:31). Mais le péché et le monde et ce que nous avons hérité des anciens, de pensées, de recherches, d'expériences, d'habitudes, de coutumes, de systèmes et de formes extérieures, tout cela a déposé sur l'intelligence humaine des sédiments nombreux, à tel point qu'elle est devenue exposée à l'erreur dans plusieurs de ses jugements, en plus de son impuisance. Ainsi, elle ne peut pas toute seule comprendre Dieu ou l'examiner; et ceux qui pensent être sages et raisonnables, et comptent sur leur jugement et leur intelligence, ceux-là mêmes sont les personnes les plus éloignées des choses spirituelles et divines. Ainsi dit notre maître l'apôtre Paul: "et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance....."(1Cor. 2:4); "non avec des discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles" (1 Cor. 2:13).
Avez-vous vu, mon cher frère, la futilité de la sagesse humaine?.......Est-ce que Dieu annule la sagese en général? Non. Plutôt Il la soutient. Ainsi dit notre maître l'apôtre Paul dans sa même épître: "Cependant, c'est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce siècle, ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis; nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée" (1Cor.2: 6-7).
Pour cela, si vous voulez que votre âme comprenne les intentions de Dieu, dégagez-la d'abord de la sagesse humaine, et tenez-vous debout devant Dieu, ignorant et vide de toute science et de toute intelligencc, et alors vous serez rempli de la connaissance: la connaissance spirituelle complète, et non la connaissance humaine impuissante. "Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu" (1 Cor. 2:10). N'est-ce pas cela que signifiait notre maître l'apôtre Paul quand il dit: "si quelqu'un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu'il devienne fou, afin de devenir sage (1 Cor. 3:18)"?
Un homme qui avait la main sèche se présenta à Notre-Seigneur Jésus-Christ demandant sa guérison. Le Seigneur lui ordonna d'étendre la main. Il l'étendit et elle devint saine. Cet incident est considéré comme une preuve de la puissance du Seigneur. Cela est vrai. Mais d'un autre côté, cela représente la rupture du cercle de la sagesse humaine. Si cet homme était attaché à la sagesse humaine, il aurait discuté avec le Seigneur: "Comment étendrai-je ma main sèche? Est-ce que la main sèche s'étend? Et si elle pouvait s'étendre, je n'aurais pas eu besoin de guérison. Guérissez-moi d'abord, puis je l'étendrai." Mais cet homme devint ignorant pour devenir sage. Il ignora la sagesse humaine qui ne croit ni à l'extension de la main sèche, ni au transport de la montagne, ni à la marche de l'homme sur l'eau, ni à ne pas penser au lendemain......
C'est la sagesse humaine qui a fait que les gens mettent Dieu et ses attributs et ses enseignements au microscope! C'est la "sagesse" qui fait que certaines gens acceptent ce qu'ils voient juste, d'après leurs pensées, dans l'évangile et les canons de l'église, et qu'ils refusent ce qui ne s'accorde pas avec leur logique intellectuelle......
Quant aux enfants de Dieu, ils reçoivent toutes choses simplement et sans complications: vous voulez, Seigneur, que nous marchions sur la Mer Rouge? Nous marcherons donc, car sans doute vous nous ouvrirez un chemin afin que nous ne nous noyions pas.
Il y a une fable qui raconte que la Mer Rouge ne fut pas fendue lorsque Moïse la frappa avec sa verge, mais que les eaux se fendirent lorsque le premier homme leva son pied pour le poser dans l'eau. Ce n'est qu'une fable, mais elle comporte un sens spirituel élevé.
























Je voudrais maintenant vous annoncer que les spiritualités dans le désert et dans la montagne ont un caractère différent de la caractéristique des spiritualités dans les villes. Parmi les plus importantes attaches qui harcèlent l'adorateur dans les villes, il y a :



LA LIMITE DES QUATRE MURS


J'ai eu moi-même l'expérience de cela. Il y a quelques années, j'étais dans un campement militaire à Almaza, dans un lieu situé à quelques kilomètres d'Héliopolis. J'avais l'habitude de monter avec un de mes frères des Ecoles du Dimanche, au sommet d'une colline dans ce désert, pour y passer quelque temps en prière et en méditation. Nous apercevions de loin, Héliopolis, cette banlieue magnifique, avec ses bâtiments, ses rues, son organisation, et aussi ses habitants aristocrates. Elle nous apparaissait à perte de vue dans l'horizon, comme une chose minime et insignifiante. Il n'en paraissait rien de grand, à part ce qui provenait de deux facteurs simples: le facteur de l'éloignement et le facteur de la hauteur. Nous sentions que l'âme de chacun de nous s'était libérée du respect de la longueur, la largeur, la hauteur, la magnificence, l'énormité, l'élégance et l'ornement. Le haut palais égalait la petite maison, car rien des deux ne paraissait. Nous sentions plutôt du bonheur et du plaisir spirituel en étant assis sur le sable au-dessus de cette colline élevée, un bonheur que nous ne trouvions jamais dans les villes.
Nous retournâmes au Caire durant un congé du campement militaire. Je vous dis la vérité, mon cher frère, j'étais troublé par cette capitale bruyante. Je marchais dans les rues, ayant dans la tête et aux oreilles un volcan actif du bruit des gens, des voitures, des tramways, et des nombreux moyens de transport. Je compris au milieu de ce tumulte que j'étais incapable de penser d'une façon ordonnée, cadencée, et suivie.
Quand je fermais la porte de ma chambre et je me tenais debout pour la prière, je ne pouvais pas prier. Les quatre murs de la chambre étaient comme une barrière infranchissable qui m'empêchait de jouir de Dieu. Je vous le dis franchement, je suis sorti de ma chambre sans prier et je m'en suis allé loin, loin, pour chercher un espace vide, tranquille et élevé, duquel je pourrai voir un panorama des bâtiments, des institutions et des aspects de la civilisation, le tout paraissant petit. Après environ une heure de marche, je trouvais un endroit où il y avait très peu de ce que je demandais. Ainsi je retournai à ma maison, ennuyé et désireux de revoir une autre fois ma colline élevée.
Les mois du compement militaire se terminèrent et nous retournâmes à la capitale. Je me trouvais obligé de m'habituer à la prière entre quatre murs. Mais les souvenirs de cette colline élevée demeurent jusqu'à ce jour. Pour obtenir quelque compensation, je montais après avoir terminé ma leçon aux Ecoles du Dimanche, avec mes frères les jeunes gens, sur la terrasse de la haute église pour jeter un coup d'œil sur Le Caire, et nous voyions dans l'obscurité du soir, la ville aussi comme quelque chose de minime et d'insignifiant dont rien ne paraissait, à part les silhouettes des bâtiments dans lesquels brillaient des points blancs lumineux.
Votre âme, mon cher frère, voudrait elle aussi s'élancer d'un coin à l'autre et d'une branche à l'autre, elle voudrait devenir comme les anges qui louent dans le ciel, sans liens ni attaches. Si vous ne pouvez pas faire cela de façon continue, au moins préparez-lui des occasions pendant certaines saisons.......
Cece me porte à m'imaginer que la méditation est plus abondante et plus possible pour le marin, le paysan, le montagnard, et l'habitant du désert. Je m'imagine que nous serons ainsi quand nous nous débarrasserons des limites du corps et que nous monterons en haut, là où il y a Dieu, les anges et les saints.
Je me suis entretenu de ce sujet avec mon père le moine, et il me parla d'une autre expérience spirituelle, l'expérience des quatre murs; et il m'expliqua comment il s'était isolé dans sa cellule pendant vingt-huit jours aux premiers temps de sa vie monachique, se confinant entre quatre murs, ne voyant personne et ne communiquant avec personne, en agonisant dans une lutte violente en lui-même, entre Dieu et lui-même; et comment cette période avait été une période de criblage, qui était dure à lui-même, dans laquelle l'âme avait pu se dégager peu à peu de ses liens nombreux pour s'unir à Dieu, et obtenir ses promesses par force......
Après cela, le moine sortit, et tout lui était devenu égal, qu'il y ait des murs ou non......
Là, je vous présente, à ce sujet, une étape spirituelle plus sublime et plus profonde. La première étape était le murmure contre les quatre murs; tandis que cette étape c'est l'insensibilité aux quatre murs, quand vous êtes assis dans votre chambre, absorbé dans votre prière, vos contemplations, ou vos lectures, jusqu'à ce que vous ne sentiez plus tout ce qui vous entoure, mais que vous viviez dans un autre monde qui s'élève au-dessus des sens, ne sachant si vous êtes dans votre chambre ou dans l'espace du monastère, si votre cellule a des murs ou n'en a pas. Plutôt je vous dis que dans cet état, vous ne pouvez pas distinguer si le ciel ne s'est pas transporté à vous, ou bien si vous avez été transporté au ciel pendant que vous êtes sur la terre. Plutôt laissez-moi chuchoter à votre oreille, mon cher frère, qu'il y a des gens qui n'ont ont pas éte capables de comprendre, pendant qu'ils étaient en pareil état, s'ils étaient dans le corps, ou en dehors du corps, comme il est arrivé à saint Paul l'apôtre, et comme l'a raconté saint Jean de Lycopolis et aussi saint Jean Saba (le vieillard spirituel).
Ce sujet de l'élan de l'âme au dehors de l'endroit me porte vers une autre méditation qui lui est relative, c'est le sujet des visions.
Nous avons précédemment entendu, à ce sujet, de l'expérience de l'apôtre saint Jean le bien-aimé, et de l'apôtre saint Paul. Il nous manquerait le temps si nous nous rappellions les expériences de saint Antoine et du saint Amba Shenouda l'archimandrite, et d'autres saints qui s'étaient dégagés de leurs endroits et qui avaient vécu par leurs âmes dans d'autres environnements et dans d'autres ambiances, là où ils virent des choses merveilleuses ineffables. Mais je cite ici une histoire qu'a racontée un de nos frères bien-aimés à propos d'un prêtre rempli de l'Esprit qui se tenait debout en prière devant l'autel; et quand il arriva à l'expression "il regarda en haut"......,il regarda lui aussi en haut, puis ce fut une période de profond silence dans l'église. Une minute passa, deux minutes, et plusieurs minutes, pendant lesquelles le saint prêtre regardait en haut en silence, étonné et extasié. Le temps se prolongea longtemps, le peuple contemplant en silence son prêtre béni; et après environ un quart d'heure, le prêtre descendit son regard, et compléta sa prière profonde et ardente sans qu'il eût senti la longue période de silence qu'il avait traversée. Quand l'un de ses proches l'informa après la messe de ce qui s'était passé et lui demanda une explication, le prêtre fut troublé et ne répondit pas. Quand on insista beaucoup, il dit qu'il avait regardé en haut, et voilà que toute l'église était sans dôme et sans toit, et voilà qu'il contemplait un long escalier qui reliait l'autel au ciel pendant une période qui était comme une fraction d'une minute, puis il avait complété sa prière....
Après cela, on parle du monachisme comme un chemin vers le service, et je ne vois le monachisme que comme un chemin vers le ciel; où la solitude, les méditations, et la lutte constante aident à la demeure de l'élan de l'âme jusqu'à ce qu'elle s'unisse à Dieu.
Je m'imagine, mon cher frère, qu'il y a d'autres choses dont je vous parlerai à ce sujet.
Cette fois, je ne marchais pas au désert, et je n'étais pas assis au seuil de la porte du monastère, mais j'étais avec mon père le moine devant sa grotte dans la montagne. Nous continuions notre dernière conversation à propos de ce qui est:



PLUS GRAND QUE LE CIEL ET LA TERRE

Mon cher frère, l'âme qui désire s'élancer est l'âme qui conçoit complètement sa propre valeur, et qui sait qu'elle est noble de toute cette ampleur, et qu'elle est beaucoup plus grande que d'être asservie par l'environnement, ou d'être asservie par les démons.
Afin que je vous donne une idée de cela, il nous convient beaucoup, ô bien-aimé de Dieu, d'examiner ensemble la question, et de nous rappeler le passé, le présent et l'avenir aussi, afin de concevoir quelle est la force que nous ignorons et qui est cachée en nous . Nous nous rappelons que l'homme est la créature qui a été créée à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gen.1:27). Si l'on vous demande de vous présenter, dites avec force et confiance: "Je suis l'image de Dieu."
Il vous a été donné l'éternité, en tant qu'image de Dieu. Il est impossible que vous périssiez. Est-il logique qu'une personne à l'image de Dieu l'Eternel, périsse?! Donc vous êtes plus grand que la montagne élevée et que la mer houleuse, plus grand que le soleil brûlant et que la lune éclairante, plus grand que le désert vaste et que la plaine étendue, plus grand que l'atome fissu et absolument plus grand que toutes les forces de la nature. Car toutes ces choses sont éphémères, car "le ciel et la terre passeront" comme dit l'Ecriture (Matt, 24:35). Quant à vous, vous avez la vie éternelle comme vous l'a promis Notre-Seigneur Jésus-Christ (Jean4:14); vous, vous ô image de Dieu.
Vous êtes le roi de la terre et de tout ce qu'elle contient:
Vous êtes, mon grand frère, la seule créature divine, vous seul parmi toute la terre, parmi ce qu'il y a au-dessus, et ce qu'il y a au-dessous de la terre, vous êtes la seule créature à qui Dieu a donné l'intelligence et le don de la parole, à qui il a été donné de connaître Dieu et de l'adorer. Vous êtes celui où Dieu a placé son agrément; et toute cette nature que vous pensez parfois être plus grande que vous, n'a été créée par Dieu que pour être à votre service, et pour que vous l'asservissiez toute, selon votre volonté et en accord avec votre pouvoir......
Ainsi Dieu créa d'abord toutes choses, puis finalement Il vous a donné l'existence afin que vous soyez le roi de tout ce qu'il avait créé auparavant et que vous dominiez sur les oiseaux du ciel, les poissons de la mer, les animaux du désert et sur toute la terre (Gen. 1: 26,28); vous qui vous croyez faible et qui craignez l'épervier, la baleine, le lion et ce qui leur ressemble de vos escalves soumis qui étaient un jour à votre service.
Ne croyez pas que vous étiez ainsi seulement avant le péché. Mais les justes aussi dans tous les âges possèdent cette vénération et ce pouvoir: Samson, le juge d'Israêl, frappa de sa main le lionceau et il tomba mort; Daniel était dans la fosse aux lions, et les lions ne lui causèrent aucun tort; Jonas fut avalé par la baleine, et il en sortit sans que la baleine puisse lui faire du mal; les trois jeunes gens entrèrent dans la fournaise et le feu fut pour eux une fraîcheur et une paix.......
De même dans le Nouveau Testament aussi, saint Marc et son lion, saint Paul qui secoua la vipère qui s'était attachée à sa main et elle tomba dans le feu, et il ne ressentit aucun mal, ce qui émerveilla les gens qui dirent: "c'est un dieu" (Actes 28: 3-7). C'est à vous qu'il a été donné le pouvoir de fouler les vipères et les scorpions et toute la force de l'ennemi.
Ah, si vous saviez, mon cher frère, la valeur de votre âme que vous emprisonnez par votre péché dans la prison de l'humiliation, de la lâcheté, et de la peur, tandis qu'elle regarde sa gloire primitive derrière les barreaux de votre prison, et qu'elle désire s'élancer, si vous le lui permettez.
Vous êtes la créature divine:
Vous, ô vaillant héros, vous êtes une créature divine; c'est à vous que Dieu le Fils dit: "Demeurez en moi, et je demeurerai en vous" comme le sarment demeure dans la vigne (Jean 18:4). C'est à votre porte que Dieu frappe et Il voudrait que vous lui ouvriez et alors Il entrera et dînera avec vous et vous avec lui,, et fera sa demeure chez vous (Jean 14:23).
Vous êtes l'image de Dieu qui portez ses attributs: regardez Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Lui soit la gloire, disant de lui-même: "Je suis la lumière du monde", puis il vous dit à vous et à vos frères avec vous: "Vous êtes la lumière du monde" (Matt. 5:14).
Vous êtes celui à qui il a été demandé de courir pour devenir comme Dieu, comme cela apparaît dans la parole du Seigneur, à Lui soit la gloire: "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Matt.5:48). Vous êtes la personne que Dieu s'est plu à appeler son fils. Il n'a pas voulu appeler les anges ou les archanges ses fils, mais il vous a appelé, vous seul, ô créature divine........
Vous êtes celui pour qui le Seigneur versa de l'eau et lava vos pieds et les essuya avec la serviette dont il s'était ceint.
Vous êtes celui dont l'apôtre dit de ses membres qu'ils sont les membres du Christ....!(1 Cor. 6:15).
Vous êtes le seul dont il a été dit "que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous......... (1 Cor. 3:16).
Vous êtes celui que les anges désirent être comme vous, vous qui communiez du corps et du sang purs du Seigneur, vous dont le Seigneur dit qu'il veut que vous soyez un en lui et le Père (Jean 17:21).
Vous êtes celui que les anges servent:
"L'ange de l'Eternel campe autour de ceux qui le craignent, et il les arrache au danger" (Ps. 34:8). N'avez-vous pas vu, mon frère bien-aimé, comment le Seigneur envoya deux anges pour sauver Lot de Sodome;
et comment il envoya un ange et il ferma les gueules des lions devant Daniel; et comment Elisée parla à son disciple: "Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux.....Et l'Eternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée" (2 Rois 6: 15:17); et comment l'ange du Seigneur apporta de la nourriture à Elie quand il s'était endormi sous un genêt, et "il se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits" (1Rois 19: 5-9); et comment l'ange du Seigneur porta Habacuc pour présenter de la nourriture à Daniel dans la fosse?
Le temps me manquerait pour vous entretenir, ô bien-aimé du Seigneur, des services que les anges vous ont rendus, à vous et à vos frères, de leur soin de vous, et de leur intercession pour vous. Vous êtes une créature importante.
Vous êtes celui qui a été appelé un dieu:
Mon frère bien-aimé, vous êtes la personne que Dieu et les hommes avaient appelée un dieu, quand vous vous étiez approchés anciennement, vous et vos frères, de la terre promise, les anciens crièrent disant: "Ceux-là sont les dieux qui ont vaincu Pharaon et ses chars." Dieu Lui-même avait d'abord dit à Moïse: "vois, je te fais dieu pour Pharaon" (Ex. 7:1). "J'avais dit: Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut" (Ps. 82:6).
Quelque soit le sens de ces expressions, elles démontrent indubitablement, ô mon cher frère, la très grande place que vous avez chez Dieu.
Vous liez et déliez dans le ciel:
Si cela élève beaucoup votre valeur, que Notre-Seigneur Jésus-Christ est allé lui-même pour vous préparer une place chez le Père au ciel, puis Il reviendra et vous prendra avec Lui en vous disant: "Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde" (Matt. 25:34),...... est-ce que votre âme ne s'élèvera pas beaucoup en valeur, quand Dieu mets en vos mains les clefs du royaume des cieux, et vous dit: "tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel" (Matt. 18:18); et même davantage, Il vous donne le pouvoir de pardonner et de ne pas pardonner. (Ces expressions concernent naturellement les prêtres. Le prêtre est un homme, et ce discours parle de l'homme en tant qu'homme, comprenant tous les individus et toutes les générations.
Dieu vous donne tout cela, ô homme, ô image et ressemblance de Dieu, plutôt ô celui que Dieu apparut dans sa forme et prit un corps comme lui, son humanité ne quittant pas sa divinité ni un moment ni un clin d'œil.
Vous êtes l'ami de Dieu:
Rappelez-vous que Dieu dans sa sublime sagesse, dit avant de brûler Sodome et Gomorrhe: "Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire? Araham deviendra certainement une grande et puissante nation, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre?!" (Gen. 18: 17-18). Ainsi Dieu révèle sa volonté à son ami Abraham. Celui-ci discute avec Dieu de la question; une discussion où il y a de la remontrance, de la familiarité et de l'audace......."Feras-tu périr le juste avec le méchant?......loin de toi cette manière d'agir........loin de toi. Celui qui juge toute la terre n'exercera-t-il pas la justice?" (Gen. 18: 23-26). Voilà la familiarité; ce ne sont pas les paroles d'un esclave avec son maître, ou d'une créature à son créateur, mais ce sont des expressions d'un ami qui connaît sa place chez son ami.
Voici Moïse qui agit de même dans sa conversation avec Dieu aussi quand Dieu voulut exterminer les enfants d'Israël: ".......Pardonne maintenant leur péché! Sinon, efface-moi de ton livre que tu as écrit" (Ex.32:32).....Familiarité et amitié sans doute!
Avez-vous connu, mon frère, la valeur de votre âme, et combien grande est-elle devant Dieu? Est-ce que pour votre dignité, vous accepteriez après cela, qu'un démon méprisable se joue de vous, cependant que Dieu vous a donné le pouvoir sur tous les démons? Je ne pense pas.














IL ETAIT ABSORBE DANS SON SOMMEIL

.....Il était absorbé dans son sommeil quand l'ange chuchota à son oreille: "Jusqu'à quand vivras-tu ainsi? L'ombre d'une autre personne qui décide de toi selon sa volonté!" La voix était gentille et conseillante, et cela n'effraya pas le dormeur qui répondit calmement: "Que voulez-vous dire, ô mon seigneur l'ange?" L'ange lui répondit: "Je veux dire que dans vos pensées et dans votre vie spirituelle, vous avez perdu votre personalité, et vous êtes devenu vivant de la personalité d'un autre que vous. Il y a un autre homme qui a grandi à ses propres yeux, puis continua à grandir à vos yeux jusqu'à ce que vous l'avez fait votre idéal que vous suivez en toutes choses: vous vous élevez avec lui s'il s'élève, et vous succombez avec lui quand il succombe; ses opinions sont vos opinions, et ses erreurs sont vos erreurs; plutôt même vous défendez ses idées plus que lui-même les défend. Vous croyez aux principes de ce maître sans discussion; il vous suffit que celui-ci, votre adoré, les prononce à un certain moment.
Ce somnolent sentit que tout ce que l'ange avait dit était vrai, mais il voulut expliquer son attitude et il dit: "Quel mal y a-t-il, ô mon seigneur l'ange, en ce que je le suive, pourvu que toutes ses idées soient saines et ne contiennent aucune erreur? L'ange dit: "Et qui vous dit que toutes ses idées sont saines? Est-ce que vous croyez que votre maître celui-ci, est infaillible? N'est-il pas possible qu'il se trompe en tant qu'homme? Et s'il se trompe, comment le saurez-vous, puisque vous n'écoutez plus que ses idées et vous ne voulez accepter rien d'autre, et puisque toute personne qui s'oppose aux idées de ce maître, vous la considérez comme une personne qu'il ne faut pas écouter; et si vous l'écoutez, vous le faites avec l'esprit de discorde, en essayant de répondre à toute idée, et en la contredisant sans la comprendre, rien que parce qu'elle n'est pas d'accord avec l'opinion de votre maître?!"
Le somnolent se frotta les yeux tout confus pour s'assurer s'il était éveillé ou dormant, tandis que l'ange continuait son discours: "votre âme est prisonnière, elle voudrait se libérer mais elle ne le peut pas, parce qu'elle est attachée avec les liens de cet homme......il vous donne les informations qu'il veut, lui, vous donner pour que vous les connaissiez; il vous révèle les vérités qu'il veut révéler, et il vous cache ce qu'il veut vous cacher. Même vos propres connaissances que vous acquérez par d'autres voies que lui, elles sont aussi soumises à son pouvoir. Vous avez complètement perdu votre personalité. Vous n'agissez plus spontanément. Chaque fois que vous avez un problème, vous criez à son secours pour qu'il vous délivre. Toutes les fois que quelque chose vous est soumise, vous n'essayez pas de prendre une décision, jusqu'à ce que votre "maître" arrive et il résoud le problème. Et si vous vous comportez librement, il peut annuler votre comportement quand il le veut et comme il le veut, sans objection de votre part. Le maximum que vous pouvez atteindre dans votre vie, c'est de devenir une image floue de cet homme. Votre personalité dans laquelle Dieu vous a créé, a été perdue; et sa personalité à lui, vous ne pourrez pas l'atteindre complètement, car les conditions spirituelles, intellectuelles et sociales qui l'ont formé, sont des conditions différentes des vôtres. Ainsi je vous vois dans un état changeant, hésitant entre les deux cas."
Ce somnolent écouta toutes ces expressions en sentant qu'elles le touchaient directement, plutôt il sentait secrètement en lui-même qu'il était devenu incommodé du pouvoir de ce "maître".
C'est ainsi qu'il eut le courage de demander à l'ange de lui trouver une solution, et il dit: "Mais comment pourrai-je, ô mon seigneur l'ange, discuter avec mon maître?" L'ange répondit: "Je vous le dirai: Dieu aime que ses enfants soient d'une forte personalité, à tel point qu'il leur permettait de discuter avec lui, compte tenu de la différence. Voyez Jérémie quand il dit: "Tu es trop juste, Eternel, pour que je conteste avec toi: je veux néanmoins t'adresser la parole sur tes jugements: pourquoi la voie des méchants est-elle prospère? Pourquoi tous les perfides vivent-ils en paix?" (Jér. 12:1)
Ecoutez Abraham quand il discute avec Dieu, que son nom soit glorifié, lui disant: "loin de toi cette manière d'agir!......Celui qui juge toute la terre n'exercera-t-il pas la justice? (Gen. 18:25)
Transportez-vous avec moi aussi à Moïse quand il parle à son Créateur sur la montagne avec le même style et lui dit: "Reviens de l'ardeur de ta colère, et repens-toi du mal" (Ex. 32:12).
Le dormant dit à l'ange: "Et maintenant, que voulez-vous que je fasse, ô mon seigneur l'ange?" L'ange lui répondit: "Je veux que vous ne laissiez pas une personne déterminée vous conduire. Mais écoutez plusieurs personnes, lisez les écrits de plusieurs auteurs, observez des opinions comme vous voulez, et ayez l'esprit de dinstinction, et vous distinguerez l'opinion saine de l'opinion fausse; et de tout cela, vous adopterez ce qui convient à votre état, vous personnellement, quant à votre constitution spirituelle et intellectuelle, et ce qui convient pratiquement à votre condition sociale, et aussi ce qui convient à votre âge; sachant qu'il y a beaucoup de chemins qui mènent à Dieu; et il se peut que le chemin qui a servi à un autre que vous, soit différent du chemin qui vous convient personnellement, le seul chemin que Dieu a choisi parmi les autres chemins pour vous.
Puis le dormeur se réveilla de son sommeil pour se voir un homme nouveau, l'âme libérée, dégagée de tout lien, cherchant la vérité là où elle se trouve, et ne croyant pas à l'adoration des personnes.
CONNAISSEZ-VOUS VOUS-MEME

Mon frère bien-aimé, est-ce que vous voudriez être parfait? Est-ce que vous voudriez que votre âme se lance vers l'endroit où il 'y a ni limites ni liens? Vous devez donc, avant toute chose vous vider de tout; de tout ce que le monde a déposé sur vous de désirs, de sciences et de sensations...
Vous devez d'abord vous renier vous-même, et vous tenir debout devant Dieu comme si vous étiez rien. Connaissez-vous réellement vous-même, qui êtes-vous? N'êtes-vous pas simplement une poignée de poussière, de la poussière de la terre?.......Plutôt vous êtes moins que la poussière. Vous êtes le néant, rien. Il y eut un temps quand vous n'existiez pas; et cependant le monde était sans vous un monde. Puis Dieu vous a formé quand vous n'existiez pas: il a créé la poussière d'abord, puis il vous a créé de la poussière. De quoi donc vous exaltez-vous, et qui êtes-vous pour vous exalter? Baissez votre tête de honte et de misère. Vous n'êtes rien. Tenez-vous humblement abattu debout devant Dieu, en vous rappelant votre ancienne origine.
Avez-vous reconnu que vous n'êtes rien? Plutôt je vous dirai franchement aussi que vous êtes moins que rien. Car rien c'est le néant, et le néant est mieux que le péché que l'homme introduisit, "car toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal" (Gen. 6:5).
Si vous trouvez quelque chose de bon en vous, soyez certain qu'il ne vient pas de vous, mais il vient de Dieu, Le parfaitement juste, Le Saint, Le seul parfait, car personne n'est bon, sauf un, qui est Dieu. "Un seul est bon" (Matt. 19:17).
Si vous trouvez en vous-même quelque chose de bon, ne vous en enorgueillssez pas, ne vous vantez pas, et ne vous combattez-vous pas vous-même par la justice propre; mais faites revenir la gloire à Dieu, car c'est Lui qui mérite et non pas vous. C'est Dieu qui a fait le bien, parce qu'il est le Bienfaiteur, plutôt Il est le bien même, Il est la bonté même, et sans Lui vous êtes excédé et vous ne pouvez rien faire. Ne dérobez pas donc la gloire de Dieu pour la rapporter à vous-même.
Il se peut que vous éclairiez comme la lune, et que votre lumière augmente jusqu'à devenir pleine lune; mais en tout cela, souvenez-vous que la lune est un astre obscur qui tient sa lumière du soleil. Il n'a pas de lumière en lui-même. Si le soleil se voilait de la lune, rien n'en paraîtrait, car elle est naturellement obscure. Est-ce que la lune pourrait parler de sa lumière devant le soleil? De même vous, devant Dieu, ô bien-aimé.
Mais si vous trouvez en vous-même du mal, sachez qu'il provient de vous, du péché caché vers lequel se porte votre désir. Vous le dominiez; maintenant c'est lui qui vous domine. Car aucun mal ne vient de Dieu. Le mal ne s'accorde pas avec la nature de Dieu qui, après avoir fait toutes les choses avec ses mains pures, sans défaut, et sans tâche, "vit tout ce qu'il avait fait; et voici, cela était très bon" (Gen. 1:31).
Est-ce que vous vous êtes connu vous-même, mon cher frère? Est-ce que vous avez compris que la règle fondamentale de votre relation avec Dieu, c'est le reniement de vous-même? Je ne veux pas dire que vous vous considéreriez quelque chose, et que vous vous humiliez en vous reniant, car vous-même vous n'êtes rien, néant, ruine......Je n'aime pas utiliser le mot "humilité", car celui qui s'humilie c'est celui qui cède sa place pour une place moins élevée, ou moins sublime. Tandis que l'homme méprisable comme moi et vous, qui est poussière et néant, il lui est impossible de s'humilier, car il n'a ni degré pour rejeter, ni noblesse pour s'en désister. Il n'est ni haut pour descendre, ni élevé pour s'humilier. Tout ce que je veux dire du reniement de soi-même, ô mon frère bien-aimé, c'est de vous connaître vous-même, et de comprendre que vous n'avez absolument aucune valeur; mais c'est Dieu qui par pitié pour vous, vous donnera, si vous l'aimez, quelque chose de sa gloire que vous n'auriez pas méritée sans sa miséricorde et sans son humilité et sa condesendance.
Méditons ce beau verset qui dit: "Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu" (1Cor. 1: 27-29).
Que signifie cela? Est-ce que ceux qui sont bons pour le royaume de Dieu sont seulement les ignorants, les faibles et les gens méprisés?! Non; car Dieu a choisi des gens lettrés comme Moïse, Paul et Arsène, de même qu'il a choisi les saints philosophes Athinagoras, Pantène et Clément. Dieu a choisi des hommes forts comme Samson et le fort Abba Moïse, et il a choisi des hommes respectés comme le roi David et les deux princes Maxime et Domèce.......
Comment donc réconcilier les deux idées?
Cela ne veut pas dire donc, que Dieu ne choisit que les ignorants, les faibles et les gens méprisés, mais plutôt, il se peut que Dieu, béni soit son nom, choisisse les personnes qui se tiennent debout devant Lui comme étant ignorants, faibles et méprisés, quelque soit le degré de force ou de considération qu'ils aient atteint.
Voilà Moïse qui avait été éduqué dans toute la sagesse des Egyptiens: Dieu ne l'envoya pas quand il était confiant en lui-même et comptant sur sa force humaine; mais Il l'appela quand il était arrivé au point de dire: "Qui suis-je pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir les enfants d'Israël d'Egypte?.......je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier, ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j'ai la bouche et la langue embarrassées" (Ex. 3:11,4:10).
Voilà Paul qui avait étudié la loi aux pieds de Gamalaël, Dieu ne l'envoya que quand il était arrivé à l'état où il pouvait dire: "......Ainsi est-il écrit: "Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. Où est le sage? Où est le scribe? Où est le disputeur de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse de ce monde?" (1Cor. 1: 19-20)......."Moi-même j'étais auprès de vous dans un état de faiblesse, de crainte et de grand tremblement; et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance" (1 Cor. 2: 3-4).
Et Arsène, Dieu ne le fit pas père et conducteur, quand il était maître des deux princes Arcadius et Honorius, dans le palais de leur père l'empereur Théodose; mais plutôt quand son âme fut purifiée et qu'il lui était possible de dire de lui-même: "Arsène, le maître des enfants des rois, qui a étudié la sagesse des grecs et des romains, ne connaît pas l'alphabet que connaît cet égyptien illéttré."
Est-ce que vous croyez, mon frère l'adorateur, que vous construirez un coin dans l'Eglise avec votre science et votre éducation?! Que vous êtes mesquin! Je vous dis la vérité, si vous ne vous libérez pas de compter sur votre connaissance, vous n'arriverez pas à Dieu, et Dieu ne bénira pas votre ministère; car si vous réussissez, les gens rapporteront votre succès aux certificats et aux diplômes scientifiques que le monde vous a donnés; et ainsi on dérobe à Dieu sa gloire et on la donne au monde.
O mon frère instruit, Dieu peut au vingtième siècle aller de nouveau au lac, et choisir un pêcheur ignorant pour en faire un apôtre et un prédicateur; et il enseignera aux gens mieux que vous. Quand Dieu fendit les eaux de la Mer Rouge, Il ne choisit pas pour cela un sceptre d'or, mais une simple verge comme il y en avait des millions dans le monde.
Gardez-vous de croire que vous êtes quelque chose, ou de vous faire des illusions sur la science mondaine. Gardez-vous de compter, même dans votre vie spirituelle personnelle, sur votre connaisance mondaine ou religieuse, ou sur vos lectures spirituelles, ou sur vos anciennes expériences. Mais plus vous augmentez dans la science, et plus vous vous approfondissez en esprit, tenez-vous chaque jour debout devant Dieu en sentant votre ignorance et votre impuissance, et votre besoin d'être conduit comme un débutant par Lui, quelqu'ancien que vous soyez. Tenez-vous debout devant Lui en sentant votre besoin urgent de Lui, afin qu'Il vous protège du plus faible des démons, des plus simples des péchés à votre vue, et des plus insignifiantes fautes à vos yeux.
Ayez ce sentiment; car j'ai vu plusieurs succomber dans les péchés des débutants, après avoir lu et écrit sur la profondeur des spiritualités.....Je vous dis cela aussi de crainte que votre confiance en votre savoir spirituel et votre expérience spirituelle ne vous porte à compter sur votre bras humain, car l'Ecriture dit: "Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, qui prend la chair pour son appui" (Jér, 17:5).
Sachez, mon frère bien-aimé, que toute connaissance spirituelle ou mondaine qui ne vous mène pas à la vie d'humilité et au sentiment d'ignorance, est une connaissance vaine et trompeuse de l'âme. Elle est plutôt un coup du diable qui vous préoccupe par elle afin de ne pas chercher et demander et frapper à la porte........Sentez, mon frère, votre ignorance, car la Sainte Bible dit: "si quelqu'un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu'il devienne fou, afin de devenir sage" (1Cor.3:18).
Et comme le sage et l'ignorant sont égaux devant Dieu, en ce qu'ils sont tous les deux ignorants; et la mort de l'un est comme la mort de l'autre; et un même souffle vient sur les deux; ainsi devant Dieu, le faible et le fort sont égaux, car ils sont tous les deux faibles, car nul n'a de force en la présence de Dieu.
Est-ce que vous croyez, mon ami, que vous êtes fort? D'où vient la force donc? Elle n'est pas naturellement de vous-même, car vous êtes cendre et poussière, et plutôt néant, périssable. Elle ne provient pas d'un autre être que Dieu, car Il est, que son nom soit béni, le seul fort; et toute force provient de Lui. Est-ce que votre force donc provient de Dieu? S'il en est ainsi, pourquoi vous vantez-vous, et pourquoi êtes-vous gonflé d'orgueil? Pourquoi utilisez-vous la force de Dieu dans des actes qui sont autres que les actes de Dieu? Si donc quelqu'un se glorifie, qu'il se glorifie du Seigneur, car c'est Lui le Très-Haut. "Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi" (2 Cor. 12:9). Il est la source de tout ce qui porte à se glorifier. O homme de nature faible, si vous êtes fort par Dieu, dites donc comme dit le bienheureux Paul: "C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions dans les détresses, pour Christ; car quand je suis faible, c'est alors que je suis fort" (2 Cor. 12:10).
Dieu n'emploie pas une personne qui pense en elle-même qu'elle est forte. Car Dieu choisit les faibles du monde pour confondre les forts. Gardez-vous donc de mettre votre confiance en une force que vous prétendez être la vôtre. Car le péché "a fait tomber beaucoup de victimes, et ils sont nombreux, tous ceux qu'elle a tués" (Prov. 7::6). Mais dites avec le juste David: "Aie pitié de moi, Eternel, car je suis sans force; guéris-moi, Eternel! Car mes os sont tremblants. Mon âme est toute troublée" (Ps. 6: 3-4).
Soyez certain, mon frère, de votre faiblesse, non pas parce que je dis cela, mais parce que c'est la vérité claire. Est-ce que vous n'avez pas succombé et péché aujourd'hui? Est-ce que vous n'avez pas péché hier et avant-hier? Vous n'êtes pas fort donc, mais vous êtes faible, un modèle de faiblesse; et vous demeurerez ainsi jusqu'à ce que vous confessiez votre faiblesse, et que vous vous hâtiez et demeuriez en Dieu, et Dieu en vous.
Un autre conseil que je chuchote à votre oreille: Ne vous asseyez pas dans votre retraite en pensant que vous êtes plus fort que les gens, et en revisant les grands projets que vous pourriez réaliser si vous aviez le pouvoir, ou si vous étiez à la place des autres. Vous n'êtes pas, mon frère, tellement fort; ce ne sont que des rêveries, ou peut-être des illusions. Quant à vous, vous êtes faible, et il se peut que si vous étiez à la place de ces pécheurs que vous critiquez, vous auriez péché plus qu'eux, et vous auriez montré de la faiblesse plus qu'eux. Si vous avez triomphé à présent, ceci c'est parce que Dieu est avec vous, et non pas parce que vous êtes fort. Préservez donc la demeure de Dieu en vous, sachant qu'Il ne sera pas content de demeurer si vous vous adorez vous-même à sa place.
L'un des deux agit dans la bataille: ou bien Dieu, ou bien vous. Si vous croyez que c'est Dieu qui agit, et que vous n'êtes rien à côté de Lui, ou plutôt que vous êtes un spectateur qui regarde les actes de Dieu en admiration. Si vous croyez cela, vous agissez bien. Mais si vous croyez que c'est vous qui agissez, et que vous avez la force qui garantit vos actions, soyez confiant que ce que vous faites est vain, et que vous échouerez.
Je ne dis pas cela seulement à propos de vos services et de vos actions extérieures, mais aussi à propos de votre vie spirituelle intérieure. Si vous croyez que c'est vous qui courrez pour hériter la vie éternelle, vous échouerez dans votre course. Si vous croyez que tel péché n'a plus de pouvoir sur vous, il se peut que vous y tombiez, ne serait-ce qu'après un certain temps, et votre chute serait grande........
Mais la juste solution, c'est que vous sentiez votre faiblesse, sur une terre qui vous produira des épines et des ronces, c'est que vous sentiez votre faiblesse devant toute épreuve et tout péché, en disant avec le psalmiste: "Sans l'Eternel qui nous protégea, qu'Israël le dise! Sans l'Eternel qui nous protégea, quand les hommes s'élevèrent contre nous, ils nous auraient engloutis tout vivants, quand leur colère s'enflamme contre nous" (Ps. 124: 1-3). Vous criez ainsi vers Dieu, puis vous regardez comment Il combat pour vous et triomphe. Ainsi vous glorifiez Dieu et non pas vous-même, car le triomphe provient de Lui.
Finalement je sens qu'il y a beaucoup de choses dont nous parlerons ensemble à ce sujet. Souvenez-vous de moi, ô mon frère bien-aimé, dans votre prière, jusqu'à ce que nous nous rencontrions une autre fois pour compléter notre méditation, si la grâce de Dieu l'aimerait et que nous vivrions.



VOUS-MEME ET LES
LOUANGES DES AUTRES

Je vous avais parlé dans les fois précédentes du reniement de soi-même. Il reste beaucoup à vous dire à ce sujet pour que nous arrivions ensemble à la libération de l'âme.
Mon frère, est-ce que voulez arriver à Dieu? Est-ce que vous aimez répéter l'expression du bienheureux saint Paul: "Je suis pressé des deux côtés, j'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur" (Phil.1:23). Dégagez-vous donc de vous-même, de votre personalité que vous adorez à la place de Dieu, et que vous essayez continuellement de voir agrandie dans la gloire aux yeux des autres.
Est-ce que le monde vous glorifie, mon frère bien-aimé? Est-ce que vous acceptez de lui cette glorification? Combien pauvre vous êtes!.........Ne savez-vous pas que la gloire est à Dieu seul? Car c'est Lui le créateur de tout le monde, et la source de tout ce qui existe, et parce qu'Il est le seul Etre, l'Eternel, le Tout-Puissant qui remplit tout endroit.......Ne savez-vous pas donc, que si vous glorifiez votre personalité, ou si les gens vous glorifient, vous déroberez l'un des attributs de Dieu, et vous le revendiquerez pour vous-même!! N'était-ce pas là l'épreuve de votre père Adam qui ne s'était pas contenté du bonheur que Dieu lui avait donné, mais il voulut grandir jusqu'à devenir comme Dieu?
Qui êtes-vous, mon frère, pour vous glorifier?! Est-ce que la poussière possède de la gloire? Est-ce que la cendre possède de la considération? Est-ce que le néant possède du respect et de la vénération?! Puis, n'êtes-vous pas un pécheur comme moi; et si Dieu vous a couvert et a caché vos défauts aux gens, est-ce que donc le pécheur possède de la gloire, est-ce que le faible possède de la considération? Pourquoi donc vous glorifiez-vous, connaissant votre réalité avec tout ce qu'elle comporte de péchés, de défauts, et d'imperfections?......
Est-ce que vous faites cela parce que les gens n'ont pas encore touché votre bassesse, n'ont pas tout su de votre passé, n'ont pas découvert toutes vos faiblesses, et vos fautes ne leur sont pas apparues? Pourquoi donc les trompez-vous tandis que vous le savez? Pourquoi vous trompez-vous plutôt, tandis que la tromperie ne sert à rien? Est-ce qu'à tel point vous exploitez le voile et la couverture de votre état par Dieu aux yeux des gens?......est-ce que vous aimeriez donc, qu'Il révèle aux autres vos pensées, vos sensations et vos désirs réprimés?!.......
Ensuite, pourquoi cherchez-vous une gloire éphémère qui ne vous accompagnera pas après la mort, qui ne se tiendra pas avec vous au jour du jugement devant le Juge juste dont le jugement n'est pas influencé par l'opinion des gens; car rien ne lui est caché......?
Est-ce que la louange des gens vous est encore chère? Ne savez-vous pas que leur louange est fausse; car elle est parfois en guise de complaisance, ou d'encouragement ou de flatterie, ou par timidité? Même si les gens disent vrai et sont sincères, ils jugent selon les apparences, ils ne lisent pas vos pensées, ils ne connaissent pas vos intentions, et ils n'entrent pas dans votre cœur pour savoir ce qu'il contient....
Mon frère bien-aimé, sans doute je vous ai importuné par des idées condensées. Voudriez-vous que je vous raconte une histoire? Qu'elle soit donc l'histoire de Nabuchodonozor: savez-vous comment il s'était attribué une gloire éphémère? Savez-vous quelle fut sa fin? Puisse-t-elle être une leçon pour vous......
Est-ce que vous avez été ennuyé? Pardonnez ma faiblesse et mon rude style d'expression......Mais est-ce votre habitude de vous ennuyer continuellement d'une personne qui vous parle franchement et ne vous flatte pas, et qui n'utilise pas les expressions que les gens emploient?....Pourquoi?.........Il vaudrait mieux pour vous, mon cher frère, que vous aimiez ce style, car il vous met en face de votre réalité, et vous avez grand besoin de vous tenir en face de cette réalité, afin que vous vous connaissiez vous-même d'une connaissance nécessaire à votre salut.
Cependant laissez-nous discuter la chose ensemble. Pourquoi voulez-vous paraître grand devant les autres? Est-ce le complexe d'infériorité? Est-ce que vous sentez en vous-même que vous êtes dans un grade minime, et vous voulez compenser cela en gagnant la louange des gens par tous les moyens? S'ils vous louent, vous êtes content; s'ils vous attaquent, vous vous défendez avec enthousiasme afin de ne pas paraître fautif devant eux; et s'ils prennent envers vous une attitude impartiale sans louange et sans attaque, ceci aussi ne vous plaît pas, et vous vous mettez à mendier leur louange en leur parlant de vos vertus afin qu'ils vous admirent et vous louent....
Est-ce la vérité? Si c'est la vérité, essayons de la discuter aussi ensemble.
Il est bon, mon frère, que vous sentiez que vous êtes imparfait, pécheur, faible et inférieur à tout le monde. Mais le traitement de cette imperfection ne se réalise pas en y ajoutant un nouveau défaut, au moyen de l'amour de la louange des gens, mais il se réalise par le perfectionnement de votre personalité et la réparation de votre état.
Pourquoi vous intéressez-vous à ce que les gens pensent de vous et à ce qu'ils vous louent? Est-ce que vous entreriez dans le royaume de Dieu si les gens posaient votre candidature pour cela?!
Sachez donc que très beaucoup parmi les gens que le monde loue seront jetés dans l'étang ardent de feu et de soufre. "Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous" (Luc 6:26).
Mon ami, la louange des gens est temporaire et éphémère. Ils ne demeurent pas dans un seul état. Ceux qui avaient proclamé Notre-Seigneur Jésus-Christ comme roi, sont ceux-là mêmes qui crièrent aussi: "Crucifiez-le crucifiez-le." La louange des gens est fausse aussi, parce qu'ils ne connaissent pas toute la vérité.
Voici une question dont votre réponse franche m'intéresserait: Quel est votre sentiment quand les gens vous louent, cependant que vous connaissez des secrets honteux que vous dissimulez? Est-ce que pendant leur louange vous oubliez ces péchés que si les gens les connaissaient, ils vous auraient chassé dehors? Ou bien est-ce que vous prétendez les oublier? Ou bien les considérez-vous commes des choses importunes qui ne doivent pas paraître pendant que vous jouissez de la louange des autres? Vous vous intéressez donc, seulement au dehors du calice! Vous vous souciez d'être comme les sépulcres blanchis du dehors et remplis de pourriture en dedans! Vous intéressez-vous donc seulement à la vie terrestre , et méprisez-vous la vie future?
Soyez franc avec vous-même, mon frère bien-aimé, vis-à-vis de la réalité de vos sentiments, reconnaissez cela en vous-même d'abord, puis versez vos chagrins devant votre père-confesseur, versez-les en pleurs, gémissements, et douleur amère.
Voici ce que vous devez sentir pendant que les gens vous louent:
1. Sentez d'abord qu'il se peut que vous soyez hypocrite, paraissant au monde autre que ce que vous êtes intérieurement. Dites-vous franchement: "Je suis un pécheur impur, et quand je m'assieds avec mon père-confesseur, je suis près de fondre de honte. Quand je me rends compte de mes péchés, je suis humilié de regrets et de sentiments de mesquinerie et de bassesse; ma personne devient petite à mes yeux. Quand je me tiens debout pour la prière, je sens que je suis indigne de lever les yeux vers le haut.......Pourquoi donc les gens me louent-ils? Suis-je hypocrite, à double face, paraissant devant les gens avec une personalité, tandis que réellement j'ai une autre personalité? Suis-je un comédien? Peut-être le suis-je........"
2. Sentez qu'il est possible que la louange des gens vous fera recevoir votre récompense sur la terre, et vous ne recevrez pas de récompense dans le ciel; et ainsi vous perdrez votre couronne pour un prix dérisoire. Si les gens vous louent, il est bon pour vous que vous soyez triste. Attristez-vous pour votre couronne qui est près d'être perdue. Cette sainte tristesse rendra votre âme plus claire et plus dégagée.
3. Quand les gens vous loueront, sentez que peut-être vous êtes un voleur: vous dérobez la gloire de Dieu pour vous l'attribuer à vous-même. Notre-Seigneur Jésus-Christ dit:"afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux" (Matt. 5:16). Si donc la gloire vous est revenue à vous au lieu du Père, il se peut que cela soit un dérobement, que vous le sachiez ou pas. Quand vous priez en disant : "Car c'est à Vous qu'appartiennent la puissance et la gloire", vous le dites vous-même qui voulez que la gloire soit la vôtre, et ainsi vous rivalisez avec Dieu dans sa puissance. "Non pas à nous, Eternel, non pas à nous, mais à ton nom donne gloire" (Ps.115:1).......
4. Quand les gens vous loueront, reniez-vous vous-même et dirigez leurs regards vers Dieu, sans hypocrisie, sans simuler l'humilité. Dites- leur que vous êtes un pécheur, et que c'est Dieu qui a fait ce qui mérite la louange. Et comme vous adressez ces paroles aux autres, adressez-les aussi à vous-même, et soyez-en convaincu afin de ne pas vous gonfler.
5. Si vous trouvez que quelqu'un commence une histoire ou une conversation, ou raconte une nouvelle qui finira par votre louange, essayez de changer le cours de la conversation, ou au moins ne soyez pas content d'être loué, et attribuez la louange à Dieu en toute conviction.
6. Quand les gens vous loueront, rappelez-vous vos péchés, et abandonnez-vous au blâme de votre conscience afin qu'il y ait un équilibre entre votre intérieur et la louange des gens de l'extérieur.
Enfin, si ceci vous est demandé quand la louange des gens vous parvient, il est évident que vous ne devez pas courir vous-même pour demander ou mendier cette louange.
Nous reviendrons à cela dans une prochaine conférence, si Dieu le veut et nous vivrons. Priez pour moi.

















VOTRE PERSONNE
ET LES OFFENSES DES GENS

Mon frère bien-aimé, si vous ne vous dégagez pas de votre personne, cette personne que vous agrandissez et que vous ennoblissez devant les gens, vous n'arriverez jamais à la sublimité de l'élan de l'âme.
Peut-être que vous aimez parfois que les gens vous louent; et nous nous sommes entendus dans une homélie précédente sur ce qui est bon pour vous de faire quand les autres vous louent. Mais dans notre présente tranquille scéance, je voudrais vous poser une question:
Quel est votre sentiment et quel est votre comportement quand les autres vous offensent ou quand ils pensent du mal de vous?
Peut-être penserez-vous que vous avez été insulté, peut-ête penserez-vous à votre dignité, à votre prestige, et au respect qui vous est dû: et alors vous vous fâchez, vous vous révoltez, et vous vous vengez et vous vous défendez. Je ne vous désavoue pas pour cela, car je suis un être humain dans la chair comme vous, et j'ai éprouvé tous ces sentiments, ou plutôt j'ai été éprouvé par tous ces sentiments. Mais laissez-nous discuter la question ensemble......
A quoi vous sert la colère? Elle trouble votre sang, et fatigue vos nerfs, et ce qui est plus dangereux que tout cela, la colère vous fait perdre la paix et le repos du cœur. N'avez-vous pas entendu notre maître l'apôtre Jacques disant: "la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu" (Jac. 1:20). Votre colère pour votre personne est indubitablement une colère humaine comme celle dont parle notre maître Jacques. Vous dites que cette colère vous détend, et relâche la révolte réprimée en votre intérieur. Mais pourquoi gardez-vous en votre intérieur une révolte qui a besoin d'être relâchée? La raison de cela est naturellement claire, c'est que vous pensez beaucoup à vous-même. Dégagez-vous de vous-même, mon frère bien-aimé, et alors vous serez reposé.
Si l'on vous insulte, ne pensez pas en vous-même que vous avez été insulté. Mais pensez à celui qui vous a insulté. Il est votre frère. Vous, étant une personne chrétienne remplie de charité, vous devez penser à ce que vous ferez pour ce frère qui a péché. Naturellement, vous ne voulez pas que son âme chère aille en enfer, et vous ne voulez pas que son insulte soit un obstacle sur la voie de son salut. C'est pourquoi vous demandez à Dieu de ne pas lui imputer ce péché et de ne pas le punir pour ce péché; ensuite vous priez pour lui afin que Dieu le sauve du même péché et qu'il ne revienne pas à le commettre avec vous ou avec un autre.
Quand vous penserez à votre frère qui vous a insulté, peut-être que vous penserez à la raison qui l'a porté à faire cela: il se peut qu'il soit malade, et ses nerfs soient ruinés; ou qu'il soit fatigué, et son intelligence soit surmenée; ou que ses forces soient épuisées; ou qu'il soit harcelé par des problèmes sociaux, financiers, ou relatifs aux études......Pensez à ce que vous pourrez faire pour lui. Ainsi vous pourriez avoir l'idée d'une excursion ou d'une gentille promenade que vous lui préparez, ou bien vous pourriez participer par quelqu'effort en vue d'alléger sa peine, ou de le distraire. Si vous ne pouvez rien de la sorte, au moins soyez compatissant envers lui, et demandez à Dieu une aide spéciale.
Mon frère bien-aimé, les gens n'ont pas été créés mauvais, car Dieu après avoir créé l'homme "vit tout ce qu'il avait fait; et voici,cela était très bon" (Gen. 1:31). Quant au mal, il provient de l'extérieur aux gens. C'est un intrus........
Cette personne qui vous a offensé, peut-être qu'il existe d'autres raisons pour son offense. Peut-être qu'elle vous a mal compris. En pareil cas entendez-vous avec elle et convainquez-la humblement et charitablement.
Cependant, il y a une espèce de gens qui offensent les autres parce qu'ils aiment insulter, en exploitant l'indulgence des autres, afin d'en faire un sujet de plaisanterie ou d'amusement. Pareilles gens, ou bien éloignez-vous d'eux, ou bien parlez-leur d'un ton ferme, décisif et poli, en leur faisant voir leur faute, et en leur défendant de la répéter. Faites cela non pas pour vous venger, ou bien pour sauvegarder votre propre dignité, mais par amour pour ces fautifs, afin de ne pas leur donner une autre occasion d'être en faute et une autre possibilité de succomber, et ainsi de perdre leurs âmes.....
Il y a une grande diférence entre votre réprimande d'un pécheur pour vous venger d'une manière qui le rendrait se révolter contre vous et s'attaquer à vous, et entre un blâme charitable, ferme et calme qui le ferait sentir que celui qui le blâme l'aime.......
Tout cela est à propos de votre attitude envers la personne que vous sentez vous avoir offensé. Mais permettez-moi d'entrer un peu dans la profondeur de votre âme afin de discuter votre sentiment intérieur.
1. Pourquoi comptez-vous comme une insulte ou une offense les paroles que dit un autre contre vous? Pourquoi ces paroles que vous considérez comme une offense ne seraient-elles pas des paroles franches nécessaires pour la correction de votre âme, et si vous vous en êtes ennuyé, c'est parce que vous aimez la louange, et vous voulez que tout le monde dise du bien de vous?
Réjouissez-vous, mon frère, quand les gens vous critiquent et vous blâment, car cela est bon pour vous, cela vous purifie et vous est utile pour votre vie éternelle. Si quelqu'un vous critique, il vaudrait mieux pour vous que vous le remerciez; peut-être que sa voix est la voix de Dieu. Je veux dire que Dieu qui vous aime vous a peut-être envoyé cette personne pour vous guider et pour vous montrer votre erreur afin de la quitter.
2. Peut-être que ces offenses sont une discipline qui provient de Dieu pour vous corriger d'autres fautes que vous aviez commises dans un passé proche ou lointain. Quand le prophète David entendit pareille insulte, il dit humblement: "S'il maudit, c'est que l'Eternel lui a dit: Maudis David" (2 Sam. 16:10). Quand un autre vous insultera, mon frère bien-aimé, rappelez-vous vos péchés passés, et sachez que vous n'êtes pas la personne complètement pure qui s'élève au-dessus du blâme.
3. Parfois, Dieu aurait réalisé une action réussie par votre voie, et vous auriez pris ce succès comme une arme pour vous gonfler, et pour vous combattre vous-même par la justice propre. Dieu aurait craint pour vous de tomber par la voie de l'orgueil, alors il aurait permis que vous soyez insulté afin de donner de l'équilibre à vos sentiments, et d'alléger quelque peu votre orgueil. Plusieurs de ceux qui sont insultés sont des orgueilleux, tandis que les humbles, Dieu les relève du fumier "pour les faire asseoir avec les grands, avec les grands de son peuple"(Ps.113: 78).
4. Peut-être que sans le savoir, vous avez scandalisé un autre par votre comportement, et que cela aurait été la raison pour laquelle vous avez été insulté. C'est pourquoi il est bon que vous étudiez le point de vue de celui qui vous a insulté, car il se peut qu'il ait raison.
5. L'offense pourrait être pour vous une leçon sur la charité et la tolérance. Un des pères spirituels me disait à propos d'un moine qui s'était fait ermite et ne se mêlait pas des frères dans les réunions: "la période de présence dans les réunions est nécessaire pour le moine, car s'il ne peut pas tolérer les disputes des frères dans les réunions, comment pourra-t-il supporter les combats des démons dans la solitude, comme dit saint Isaac?!"
6. Qu'est-ce que vous perdez quand une personne porte un jugement injuste envers vous, ou quand il pense que vous êtes fautif? Est-ce que cela serait un obstacle sur la voie du royaume de Dieu, ou bien est-ce que Dieu tiendrait compte des jugements des hommes?
7. Ou bien est-ce que vous aimez la louange et la bénédiction des humains qui sont poussière comme vous? Mon ami, votre Seigneur "a été maltraité et opprimé, et il n'a point ouvert la bouche" (Isaïe 53:7)....."Il a été mis au nombre des malfaiteurs" (Isaïe 53:12). Quant à lui, Il a accepté cette croix......
8. Finalement, mon frère bien-aimé, quand on vous offense, si vous êtes opprimé, et si l'offense vous paraît grande malgré que vous êtes un pécheur comme moi, souvenez-vous comment nous offensons Dieu, mais Il patiente, nous aime et nous reçoit à Lui! Combien grand est notre Dieu compatissant. Il n'y a pas de semblable à Lui parmi les dieux.....






DEGAGEZ-VOUS DE VOUS-MEME

Si vous vous intéressez encore à ce que les gens pensent de vous, et si vous prenez toutes les mesures pour améliorer leur opinion de vous, il vous sera difficile d'arriver à la sublimité du dégagement de l'âme.
Parfois les gens ne vous louent pas, ou bien ils vous louent moins qu'ils ne louent les autres. Au lieu d'être heureux et content parce que le démon de la vanité vous ignore, même si ce n'est que momentanément, je vous vois courir pour vous fatiguer. Vous vous asseyez avec les gens pour mendier leur louange d'une manière qui ne convient pas à votre dignité d'enfant de Dieu. C'est ainsi que vous leur parlez de vous-même......
Mon frère bien-aimé, est-ce que vous me permettez de discuter la question franchement comme d'habitude avec vous?
1. Pourquoi parlez-vous aux autres de vous-même? Est-ce que vous voulez qu'ils vous admirent? Je vous pose donc cette question franche:
Est-ce que vous avez au fond de vous-même, de l'admiration pour vous-même? Sans doute, vous êtes opprimé par plusieurs défauts qui vous entourent, pourquoi donc voulez-vous qu'ils glorifient une personalité que vous-même vous n'êtes pas convaincu de louer?
2. Supposez que nous admettions le principe de parler de soi-même, est-ce que vous donnez une image vraie et réelle de vous-même? Ou bien vous mentionnez seulement les côtés blancs aux gens, et vous laissez les points odieux et misérables qui vous rendraient repoussable? Ne savez-vous pas, mon ami, que les demi-vérités ne sont pas toutes des vérités? Ne voyez-vous donc pas qu'il y a quelque tromperie et quelque mensonge dans votre discours sur vous-même quand vous présentez une seule face d'une image qui a ses défauts que vous connaissez bien vous-même, et que votre père spirituel connaît?
3. Vous savez, sans doute, que ce que vous dites à propos de vos vertus vous fait perdre votre récompense. Je ne doute pas que vous avez lu le sermon sur la montagne, et que vous y avez entendu "que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite" (Matt. 6:3); "et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra" (Matt. 6:4).......J'ai de la compassion pour vous, mon frère bien-aimé, vous combattez longtemps pour arriver à une vertu déterminée, et dans un moment de distraction, dans un moment de justice propre maudite, le démon vient et vous dérobe tout votre effort; et voilà que toute votre peine est perdue vainement......Chaque fois que je vous vois parler de vous-même, je m'imagine que vous êtes une personne qui aviez semé une plante; et quand elle a grandi et porté du fruit; au lieu de la moissonner et de vous en réjouir, vous y avez mis le feu, ou bien vous avez laissé Satan la moissonner à votre place! Mon cher ami, chaque fois que vous sentez le désir de parler de vous-même, laissez cette parole divine retentir à vos oreilles: "je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense" (Matt. 6:2).
4. Il y a un autre dommage qui provient de votre discours à propos de vous-même. Ceci apparaît dans l'incident suivant: "Dans une certaine occasion, je parlais avec enthousiasme et admiration d'une personne bénie que j'aimais et estimais. Alors un de mes professeurs spirituels m'interrompit en disant: "Je vous prie, ne continuez pas ces paroles. Par ce discours, vous assemblez les démons autour de lui pour le combattre. Laissez-le travailler dans le calme. Il n'est encore qu'un débutant, et il a besoin de beaucoup de prières." Je me tus et sentis réellement que j'avais commis une faute vis-à-vis de cet homme.
Les démons ne peuvent pas supporter d'entendre des propos sur les bonnes actions d'un être humain. Si Dieu vous prend comme moyen pour une bonne action, que cela soit un secret entre Dieu et vous. N'en parlez pas, sinon vous vous exposez à l'envie des démons et à leur combat. Non seulement votre récompense serait perdue, mais vous seriez exposé à une guerre dure dont vous ne connaissez pas les conséquences.
5. Avez-vous donc vu quelques-uns des préjudices qui atteignent celui qui parle de lui-même? Est-ce que vous pourriez me montrer à cet égard, un seul avantage que vous obtiendrez par votre louange de vous-même? Je n'entend pas cette sensation capricieuse fausse que ressent toute personne en remarquant les regards d'admiration portés sur lui. Ceci en soi-même est un péché qui a besoin de traitement! Il y a un véritable bénéfice que je vous propose. Si vous êtes harcelé par le désir de parler de vous-même à tel point que vous ne pouvez pas résister, parlez aux gens de votre faiblesse et de votre impuissance, parlez-leur de votre personne déchue qui aurait ressemblé aux habitants de Sodome sans l'aide de Dieu. Demandez-leur constamment de prier pour vous afin que Dieu vous fasse miséricorde.
6. Un autre mot franc que j'ai beaucoup hésité avant de le chuchoter à votre oreille, c'est que les gens eux-mêmes se dégoûtent de celui qui parle beaucoup de lui-même. Ils l'appellent parfois "le vaniteux" ou "celui qui se fait des illusions." Ainsi celui qui se loue lui-même ne gagne ni ciel ni terre.
7. Finalement, ces actions qui vous combattent par la justice propre n'ont pas toutes été exécutées par vous; il y a les circonstances environnantes, le rôle que jouent les autres, les capacités dont vous êtes doué et qui proviennent d'en haut. Il serait sans doute exagéré si vous attribuiez tout cela à vous-même, en oubliant l'œuvre de Dieu en vous.
Je vous ai peut-être importuné par ma franchise, mon frère bien-aimé; pardonnez ma faiblesse, en priant pour moi.










VOTRE PERSONNE DEVANT DIEU

Encore une fois, mon frère bien-aimé, je voudrais vous parler de vous-même, de votre personne que vous aimez et en laquelle vous avez confiance, parfois plus que vous avez confiance en Dieu. Si vous ne renoncez pas à cette personne, vous serez très loin de jouir de la beauté du dégagement de l'âme.
Si la charité est le premier commandement du christianisme, le renoncement à soi est le premier chemin vers la charité. Vous ne pourrez absolument pas aimer Dieu et les gens, tant que vous vous souciez de vous-même et de vos plaisirs. C'est pourquoi vous devez d'abord vous dégager de cette personne, car Notre-Seigneur, à Lui soit la gloire, a dit: "Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive" (Marc 8:34).......et ainsi Il a placé le renoncement à soi-même avant toute chose.
Que votre but soit donc l'anéantissement de votre personne en Dieu, de sorte que vous n'ayez pas indépendammant de Lui, une existence propre, et que vous disiez avec notre maître l'apôtre Paul: "et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi" (Gal.2:20).
Si vous voulez posséder de la gloire, que votre gloire soit de Dieu et en Dieu. Je répète toujours ce verset: "Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même" (Jean 17:5). Ne cherchez pas votre gloire dans les choses de ce monde, "le monde passe, et sa convoitise aussi" (1Jean2:17). Quant à vous, vous êtes l'enfant de Dieu, "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous" (2Cor.3:16). Vous êtes né "non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu" (Jean 1:13). Votre âme est un souffle de Dieu, un souffle de sa bouche......Dans chaque messe, vous communiez du corps et du sang de Dieu. Dieu veut que vous vous unissiez à Lui, que vous demeuriez en Lui, et que vous soyiez un avec Lui. Pourquoi donc quittez-vous toute cette gloire, et cherchez-vous votre gloire dans la poussière?
Pourquoi vous souciez-vous de l'opinion qu'ont les gens de vous, et vous réjouissez-vous de leur louange, pourquoi vous défendez-vous quand ils vous attaquent, et mendiez-vous leur satisfaction en parlant de vous-même? Est-ce que vous persistez, mon frère, à aimer la poussière et à glorifier la poussière? Est-ce que votre personne n'a pas encore cessé d'être une statue à laquelle vous offrez les sacrifices et les offrandes? Renoncez à vous-même, concentrez tout votre amour en Dieu seul. Dites comme Jean-Baptiste dit: "Il faut qu'Il croisse, et que je diminue" (Jean3:30). Est-ce que vous murmurez en disant à voix basse: "je ne veux pas diminuer." Sachez que vous ne diminuerez que des défauts qui troublent la pureté de votre élément. Vous ne diminuerez que de la gloire mondaine, cette poussière qui s'est attachée, et que vous devez secouer afin de redevenir propre comme Dieu vous a créé et comme Il veut que vous le soyiez toujours.
Ceci dit en ce qui concerne votre relation avec les gens. Mais je voudrais vous parler aussi à propos de votre considération de vous-même et de votre attitude devant Dieu. Si vous voulez que votre âme soit dégagée, tenez-vous debout devant Dieu comme étant rien. Renoncez à votre science et à votre sagesse, renoncez à votre intelligence et à votre expérience; et tenez-vous debout devant Dieu comme étant ignorant et ne connaissant rien. Je ne veux pas dire que vous feigniez l'ignorance ou que vous prétendiez être ignorant; car on ne peut pas tromper Dieu, et Dieu n'aime pas les imposteurs. Mais croyez avec certitude, quand vous agissez en toute chose, que votre personne doit se cacher afin que le Christ paraisse, non seulement devant les gens, mais aussi en vous-même. Dites-lui: "Seigneur, je juge selon les apparences." Dites-lui: "Seigneur, je suis faible, je ne peux pas résister aux démons et aux dominations." Dites-lui aussi que les résultats sont entre ses mains, et demandez-lui d'intervenir et de vous guider, ou bien d'habiter en vous et d'agir par vous. Quand la chose sera terminée, remerciez Dieu parce que c'est Lui qui a agi et non pas vous. Quand les gens viendront vous louer pour votre action, ne vous vantez pas et et ne feignez pas l'humilité. Mais saisissez l'occasion pour vous asseoir avec eux pour chanter le psaume éternel: "Sans l'Eternel qui nous protégea, qu'Israël le dise; sans l'Eternel qui nous protégea, quand les hommes s'élevèrent contre nous, ils nous auraient engoutis tout vivants,.....alors les eaux nous auraient submergés.......alors auraient passé sur notre âme les flots impétueux" (Ps. 124:1-5).
Quand un péché vous est proposé, n'ayez de confiance ni dans la force de votre âme, ni dans votre passé triomphant, "car elle a fait tomber beaucoup de victimes, et ils sont nombreux, tous ceux qu'elle a tués" (Prov. 7:26); mais plutôt croyez que le triomphe vient de Dieu; et que si Dieu vous délaissait dans le plus simple péché, alors vous ressembleriez aux habitants de Sodome. Plutôt chantez ce beau psaume: "........toi, tu connais mon sentier. Sur la route où je marche ils m'ont tendu un piège. Jette les yeux à droite, et regarde: personne ne me reconnaît, tout refuge est perdu pour moi, nul ne prend souci de mon âme. Eternel! c'est à toi que je crie. Je dis: "Tu es mon refuge, mon partage sur la terre des vivants.......Délivre-moi de ceux qui me poursuivent car il sont plus forts que moi" (Ps. 142: 4-7),
Mon frère bien-aimé, vous n'êtes rien, reconnaissez donc cela face à Dieu et à vous-même. Chaque fois que vous avez l'idée de pouvoir faire quelque chose, retournez à vous-même une autre fois et dites: "Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir d'Egypte les enfants d'Israël?" (Ex. 3:11). Si Dieu vous convainc qu'Il sera votre bouche, et qu'Il parlera sur votre langue, et que vous ne serez qu'un outil, alors continuez votre vie. Quand "vous marchez dans la vallée de l'ombre de la mort, vous ne craignez aucun mal........si une armée se campait contre vous, votre cœur n'aurait aucune crainte." En ce temps alors, souvenez-vous de moi, la poussière impure. Nous nous rencontrerons, là-bas......






DEGAGEZ-VOUS DE VOS CONVOITISES TERRESTRES

Savez-vous ce que vous devez fuir? Fuyez les buts, les espoirs, les convoitises. Fuyez tous ceux-là, si vous voulez vraiment arriver au dégagement de l'âme.
Permettez-moi, mon frère bien-aimé, d'entrer un peu dans votre cœur, et de vous parler franchement. Vous avez des grands espoirs qui vous préoccupent beaucoup, qui ont une place dans votre cœur. Elles occupent plutôt votre imagination aussi; vous vous asseyez dans votre solitude et vous rêvez tout éveillé. Vous allez au lit et vous voyez ces espoirs dans votre sommeil. Vous avez des buts que vous connaissez mieux que quiconque, et auxquels vous ne pouvez pas renoncer. Vous aimeriez être important. Vous aimeriez que les gens vous connaissent et qu'ils vous vénèrent. Vous avez des espoirs de renommée et de célébrité. Vous avez des espoirs de domination et de pouvoir. Vous avez des convoitises de richesse, de position sociale, de science, de titres, d'avenir, d'apparences et de réputation. Vous avez des désirs concernant le logement, la nourriture, le vêtement, et les divers plaisirs corporels. Vous ne vivez pas dans le monde, mais c'est le monde qui vit en vous, et qui s'empare de votre cœur, de vos pensées, de votre imagination et de votre volonté aussi. Quant à votre âme qui vit prisonnière en tout cela, elle voudrait se dégager des convoitises de votre corps, la chair qui "a des désirs contraires à ceux de l'Esprit" (Gal. 5:17).
Mon frère bien-aimé, vous êtes affligé par ces espoirs et par ces buts car ils ne sont pas tous réalisables. C'est pourquoi vous n'êtes pas satisfait. Vous désirez et vous êtes malheureux en désirant, et c'est pourquoi vous faites des préparatifs, vous sollicitez des moyens; vous réfléchissez, vous rencontrez certaines personnes, vous écrivez, vous faites des démarches, vous allez, vous courrez et vous vous fatiguez dans votre course. Puis vous vous asseyez et vous regardez. Peut-être, dans votre détresse, vous perdez patience et vous désespérez. Vous êtes plongé dans la désolation, ou l'inquiétude, ou la crainte de l'échec. Vous êtes malheureux dans votre attente. Il se peut que la course et la peine finissent par rien, et que vous soyez privé du désir que vous aimez, et alors vous êtes malheureux dans la privation.
Ce qui est plus dangereux que tout cela, c'est qu'il se peut que vos buts puissent vous dévier de la voie droite, et que par conséquent, vous appreniez à décevoir, ou à tourner autour du pot, ou bien vous appreniez la flatterie et l'affectation, ou le mensonge, ou bien ce qui est plus horrible.....Et comme un sage disait: "Celui qui a dans l'âme quelque chose qu'il voudrait cacher, tombera nécessairement dans l'hypocrisie."
Vous êtes fatigué. Je le sais, et j'ai de la compassion pour vous dans votre lassitude. Jusqu'à quand vivrez-vous dans l'enfer des espoirs? Ce qui est étonnant dans ces désirs terrestres, c'est que même s'il se réalisent, ils vous rendront malheureux. Quand votre désir se réalise, vous en jouissez, et la jouissance vous conduit à demander davantage. Et ainsi comme dit Notre-Seigneur Jésus-Christ: "Quiconque boit de cette eau aura encore soif" (Jean 4:13). Quand il aura soif, il recherchera une autre fois l'eau pour boire, et plus il en boira, plus sa soif augmentera, et plus il soupirera après cette eau.
C'est pourquoi, mon frère bien-aimé, je voudrais discuter calmement la question avec vous. Tant que "le monde passe, et sa convoitise aussi" (1Jean 2:17), pourquoi tenez-vous à certaines convoitises dans le monde? Vous êtes un étranger sur la terre, et il viendra un temps quand vous quitterez ce monde et vous y laisserez tout ce que vous aurez pris de lui. Vous êtes sorti nu du sein de votre mère, et vous retournerez nu dans le sein de la terre. Vous quitterez malgré vous, tout ce qu'il y a dans le monde de grandeur, de richesse, de célébrité, et vous coucherez dans une fosse comme le plus misérable des gens. Quelque soit la puissance ou la jouissance ou la réputation que vous aurez acquise dans le monde, ceci n'empêchera pas votre corps éphémère de pourrir, et n'empêchera pas les vers de ronger votre cadavre jusqu'à ce qu'ils l'aient consommé. Après tout cela, vous vous tiendrez debout devant Dieu, dépouillé de toutes les diverses apparences mondaines, ne prenant du monde rien d'autre que vos actions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Mon frère bien-aimé, vous faites mal de concentrer vos buts et vos espoirs dans cette terre qui vous produit des ronces et des épines, cette terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang du juste Abel, cette terre où ils ont creusé "des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l'eau" (Jér. 2:13).
Les saints pères qui vécurent avant nous sur la terre, "et la terre ne méritait pas qu'ils la foulent de leurs pieds", tous ceux-là n'arrivèrent pas au degré de sainteté qu'ils avaient atteint sans avoir préalablement vidé leur cœur de l'amour du monde et des choses qui sont dans le monde. Ils n'avaient plus aucun désir sur la terre, aucune convoitise. Ils ne gardèrent aucune possession ou propriété, sur la terre. Ils ne s'attachèrent à rien dans le monde. C'est pourquoi il leur fut facile de le quitter, plutôt ceci était l'objet de leurs soupirs.
Quant à vous, mon frère bien-aimé, vous avez des désirs terrestres; et, "là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur" (Matt. 6:21). C'est pourquoi votre cœur s'est attaché à la poussière et à la gloire de la poussière. Alors la valeur des spiritualités a diminué à vos yeux. C'est la tentation par laquelle le démon avait essayé de séduire le Seigneur de la gloire. "Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit: "Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m'adores" (Matt. 4: 8-9). Si vous possédez toutes ces choses, que gagnerez-vous si vous perdez votre âme, votre âme prisonnière dans une cage dorée de désirs, et qui voudrait être délivrée?

























DEGAGEZ-VOUS DU POUVOIR DES SENS

Vous croyez à vos cinq sens d'une foi fervente, et vous ne croyez pas votre âme si elle contredit ces sens. Quand est-ce que donc vous débarrasserez-vous du pouvoir de vos sens et atteindrez-vous le dégagement de l'âme?
Vous croyez à ce que vous voyez de vos yeux, ou à ce que vous entendez de vos oreilles, ou ce que vous touchez de vos mains.......Hors de cela, il se peut que vous doutiez. Pourquoi donc?! La raison est simple; c'est que vous vivez encore dans le corps. Vous croyez au corps et à ses sens.
Vous regardez ça et là, et vous voyez qu'il n'y a personne, aucun qui regarde, aucun qui censure; et alors vous commettez la faute que vous évitez de commettre devant ceux qui voient. Est-ce que vous croyez vraiment que personne ne vous a vu?! Il y avait là deux yeux apitoyés et blâmants qui vous regardaient. Mais vous n'avez pas vu ces deux yeux parce que vous viviez dans le corps.....Dieu vous observait, et vous ne le voyiez pas. Si vous viviez dans l'âme, dégagé de ces sens incomplets, vous auriez pu dire ce que le prophète Elie avait dit: "L'Eternel des armées, dont je suis le serviteur est vivant!" (1 Rois 18:15)......
Les dangers vous entourent; vous vous tournez à droite et à gauche; et vous voyant seul, vous avez peur et vous êtes terrifié. Dieu est à votre droite afin que vous ne chanceliez pas, mais vous ne le voyez pas. Vos yeux sont incapables de tout voir. Ce sont des yeux matériels qui ne saisissent pas les spiritualités. Puissiez-vous, mon frère bien-aimé, dégager vote âme du pouvoir de ce sens corporel; votre âme qui peut tout sonder, même les profondeurs de Dieu. Puisse votre âme être dégagée afin de voir Dieu à votre droite et de chuchoter à son oreille avec joie: "Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi" (Ps. 23:4).
Le pauvre Guéhazi était très effrayé quand il voyait de ses yeux les ennemis s'approcher. Il n'y avait pas moyen d'être sauvé. Quant à Elisée qui vivait dans l'âme, il était tranquille. Il sentait par l'Esprit ce que l'œil ne peut pas voir, et ce que l'oreille ne peut pas entendre. Il eut pitié du jeune homme et demanda à Dieu d'ouvrir ses yeux pour qu'il voie.....Et Guéhazi regarda et "vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée" (2 Rois 6:17), et il se tranquilisa.
Ne comptez pas sur vos sens, car ils sont faibles et ne peuvent pas saisir ce que l'âme peut saisir.
La veuve de Sarepta à Sidon regardait le pot et elle y voyait une poignée de farine. Elle regardait la cruche et elle y voyait un peu d'huile. Elle pensait que ce peu de farine et d'huile ne suffisait que pour faire un seul gâteau qu'elle mangerait avec son fils, puis ils mourraient de faim. Quant à Elie, l'homme de Dieu, il voyait en esprit autre chose que ce que voient les yeux corporels: il voyait la cruche d'huile et le pot de farine ne pas diminuer quelque soit ce que la veuve en prendrait......et il en fut ainsi.
Elisée était debout au bord du Jourdain. Son œil corporel voyait le Jourdain juste un fleuve, et il voyait que marcher sur le fleuve finirait nécessairement par le naufrage. Mais Elisée était dégagé de cet œil impuissant. Le fleuve du Jourdain et la rive étaient pour lui la même chose; tous les deux pouvaient servir pour marcher dessus comme la terre. Elisée prit le manteau d'Elie qui tomba lorsqu'il était monté sur le char de feu, et il frappa l'eau avec ce manteau. L'eau se fendit et Elisée traversa. L'œil ordinaire voit le manteau juste un manteau; mais Elisée le voyait en esprit comme une force merveilleuse que Dieu utilise......Il n'était pas à ses yeux un manteau comme les autres.
Votre œil, mon ami, est impuissant, même en ce qui concerne la matière. Il y a des corps que vous ne voyez pas, et pourtant ils existent et défient votre vue faible. Peut-être que vous pouvez voir ces corps minuscules à l'aide d'un microscope, et que votre œil nu ne voit pas ces choses minuscules, est-ce que vous pouvez nier leur existence parce que vous ne les voyez pas?! Si tel est le cas en ce qui concerne les choses matérielles, que direz-vous des spiritualités?
Donnez l'occasion à l'âme de vous conduire dans les choses spirituelles; ne la contraignez pas à se soumettre au corps. Dans sa spontanéité, laissez-la s'élancer et planer dans le monde des spiritualités. "Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru!" (Jean 20:29).
Sans doute, mon frère bien-aimé, vous avez entendu parler des visions, quand l'âme plane dans le monde des anges et des saints et voit ce que ne voient pas les corporels. Là, nous voyons l'âme, dégagée du pouvoir du corps, utilisant ses membres à ses fins spirituelles, et soumettant les sens à l'âme, et non pas l'âme aux sens.
Qeulqu'un m'a dit qu'il avait entendu de l'apparition de saint Georges dans l'une des églises. Il avait refusé de croire. Il s'en alla lui-même pour s'assurer de ses yeux de la fausseté de pareils "radotages". Effectivement il alla et ne vit rien.
Je ne veux pas commenter cette histoire, mais j'expose une opinion: c'est que peut-être cette personne et ceux qui lui ressemblent ne voient pas les visions à cause de la faiblesse de leur foi; car ils veulent soumettre les choses spirituelles aux sens du corps, tandis que Dieu découvre les mystères de son royaume aux simples.



JE NE VEUX RIEN DU MONDE

Voilà la première chose que doit dire celui qui voudrait arriver au dégagement de l'âme.
Je ne veux rien du monde, car il n'y a dans le monde rien que je désire. Ce ne sont que des temptations qui combattent les débutants.
Je ne veux rien du monde, car le monde est trop pauvre pour me donner. Si ce que je désire se trouvait dans le monde, la terre se serait transformée en ciel. Mais elle est encore terre comme vous le voyez. Il n'y a dans le monde que la matière et les choses matérielles; et moi je cherche les choses célestes, l'âme, Dieu.
Je ne veux rien du monde, car je ne suis pas du monde. Je ne suis pas poussière comme vous le pensez, mais je suis un souffle divin. J'étais chez Dieu depuis le commencement, puis Dieu m'a placé dans la poussière; et je quitterai cette poussière après un certain temps et je retournerai à Dieu. Je ne veux rien de cette poussière, "Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde, maintenant je quitte le monde, et je vais au Père" (Jean 16:28).
Je ne veux rien du monde, car tout ce que je veux, c'est de me débarrasser du monde. Je veux me dégager du monde, du corps, de la poussière! et retourner comme je l'étais, à Dieu, un soufle saint qui ne s'est pas souillé par le monde.
Je ne veux rien du monde, car je recherche les choses éternelles qui demeurent, et il n'y a dans le monde rien qui demeure éternellement. Tout ce qu'il contient est périssable. Le monde lui-même périra et finira. Et moi je ne cherche pas ce qui est transitoire.
Je ne veux rien du monde, car celui à qui je demande existe. Il est riche et puissant. En lui j'ai trouvé ce qui me suffit, et je ne manquerai de rien. Il me donne avant que je lui demande. Il me donne ce qui est bon et utile pour moi. Et depuis que j'ai mis mon âme entre ses mains, je ne demande plus rien au monde..........
Je ne veux rien du monde, car le monde ne me donne pas pour mon intérêt, mais il donne pour asservir. Ceux qui ont pris du monde sont devenus ses esclaves. Il leur donne le plaisir de la chair, et leur enlèvela pureté de l'âme. Il leur donne la jouissance du monde, et emporte la bénédiction du royaume. Il leur donne tous les royaumes de la terre pour qu'ils se prosternent devant lui. Il leur donne tout ce qu'il possède afin qu'ils perdent leurs âmes. Quant à moi, "je les ai regardées comme une perte.....et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ" (Phil.3:7-8). Ce monde qui prend plus et mieux que ce qu'il donne, ce monde qui asservit ceux qui le recherchent, je ne veux rien de lui....
Je ne veux rien du monde, car je suis plus élevé que le monde. Je suis l'enfant de Dieu, son image et sa ressemblance. Je suis le temple et la demeure du Saint-Esprit. Je suis le seul être qui communie du corps et du sang de Dieu qui vient en moi. Je suis supérieur au monde, et il conviendrait mieux que le monde me demande pour que je lui donne, car les clefs du ciel et de la terre m'ont été données. C'est moi que Dieu, dans son amour et son humilité, a bien voulu faire une lumière pour le monde et un sel pour la terre.
Je ne veux rien du monde, car je veux vivre comme mes pères que la terre n'était pas digne d'être foulée par leurs pieds. C'est ainsi qu'il vécurent. Ils ne prirent rien du monde. Au contraire, ils étaient une bénédiction pour le monde. A cause de leur prière, Dieu fit descendre l'eau sur la terre; et à cause d'eux, Dieu garde le monde jusqu'à ce jour.....
Je ne veux rien du monde, car le péché est entré dans le monde et l'a corrompu. Au commencement Dieu regarda toutes choses et vit que cela était très bon, parce que le péché n'était pas encore entré. Même les grands monstres maritimes, Dieu les avait bénis pour se reproduire et se multiplier. Mais maintenant, l'image merveilleuse que Dieu avait dessinée dans l'univers, s'est défigurée. Le monde m'inspire de la répulsion. Je ne désire plus rien dans ce monde qui a aimé les ténèbres plus que la lumière.
Je ne veux rien du monde, parce que je Vous veux, Vous seul, Vous qui m'avez aimé jusqu'à la fin, et qui vous vous êtes sacrifié pour moi. Vous m'avez créé quand je n'existais pas, tandis que Vous n'aviez pas besoin de ma servitude, mais c'est moi qui a besoin de votre seigneurie. Je veux me dégager du monde et m'unir à vous, vous qui m'avez donné la science de votre connaissance.







L'INSTRUCTION PAR DIEU

Parmi les gens, il y a des personnes ignorantes qui n'ont jamais été instruites. Il y en a de ceux que les gens ont instruits, et ceux-là sont plus ignorants. Quant à ceux qui sont vraiment instruits, ce sont ceux qui ont été instruits directement par Dieu .
Dieu a créé l'homme avec beaucoup de connaissances. Quand l'homme avait besoin de plus de science, c'est Dieu lui-même qui l'instruisait. Si l'homme était demeuré ainsi, il serait devenu un savant, il aurait été capable de manger de l'arbre de la vie pour vivre éternellement. C'est ainsi qu'il prit sa première leçon au sujet de la vipère et qu'il mangea de l'arbre de la science, et qu'il devint ignorant.....L'homme n'a pas cessé de poursuivre la science loin de Dieu, et son ignorance augmente de plus en plus.
L'homme est le temple de Dieu, l'Esprit de Dieu habite en lui; cet Esprit dont Notre-Seigneur Jésus-Christ dit: "il vous conduira dans toute la vérité" (Jean 16:13); et dont l'apôtre saint Paul dit: "l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu" (1 Cor. 2:10). Mais l'homme, à cause de l'excès de sa misère et de son ignorance, toutes les fois qu'il cherche la connaissance, il ne demande pas de la recevoir de son intérieur, de l'Esprit de Dieu qui habite en lui, mais il la cherche à l'extérieur chez les gens, et dans les livres dont il pense qu'ils contiennent la vie.
La plupart des savants et des sages de ce siècle sont ainsi. "La sagesse de ce monde est une folie devant Dieu" (1 Cor. 3:19). Le grand saint Augustin suivit cette voie longtemps, cherchant Dieu en dehors de lui-même, sans le trouver. Quand il le trouva finalement, il lui adressa ce poème immortel:
"Je me suis trop attardé pour vous aimer, ô beauté suprême dans l'ancienneté et demeurant toujours nouvelle jusqu'à l'éternité. Vous étiez en moi, comment m'étais-je allé vous chercher hors de moi......Vous étiez avec moi, mais à cause de ma misère je n'étais pas avec vous."
Quand Augustin chercha Dieu en son intérieur, il le trouva et devint un saint....De même vous, mon frère bien-aimé, vous serez longtemps perdu dans votre recherche de Dieu, si vous le cherchez à l'extérieur. Asseyez-vous seul, réfléchissez, méditez, entrez dans les profondeurs de votre cœur, demandez Dieu, et vous le trouverez là-bas. Vous le verrez face à face, vous le sentirez comme une source abondante d'amour exaltant, et vous vivrez quelque temps dans une extase merveilleuse et vous crierez de joie tranquille: "J'ai vu Dieu."
Tel est le moyen qu'ont employé nos saints pères. Ils sont sortis du tumulte de la vie, du trouble du monde et de ses bruits, ils ont tout quitté et ils ont cherché Dieu à l'intérieur de leurs âmes. Ainsi ils furent capables de voir Dieu dans la méditation et la prière continue. Les penseurs, les philosophes, les chercheurs et les savants qui, en même temps, cherchaient Dieu dans les livres et chez les gens, n'arrivèrent qu'à l'ignorance, la confusion et la lassitude....Je dis cela en étant peiné, parce que je vois aussi beaucoup de pères qui sont allés au désert, et qui cherchent Dieu dans les livres ou dans les projets ou dans le service, tandis que Dieu est dans leurs cœurs à l'intérieur. Il veut qu'ils terminent toutes ces occupations et qu'ils l'écoutent; alors Il leur parlera de mystères que personne ne connaît, et il leur montrera ce que nul n'a vu.
Ceci ne concerne pas les moines seulement, mais tout le monde....Savez-vous, mon frère bien-aimé, quelle est la bonne méthode d'éducation spirituelle? Ce n'est pas de donner à l'homme quelque chose de nouveau, car il possède tout. L'Esprit qui est en lui connaît plus que ce que vous voulez lui apprendre...Mais la bonne méthode d'éducation spirituelle c'est de délivrer l'homme de ce qu'il possède des connaissances et des informations qu'il avait prises du monde ou des gens.
L'enfant naît avec une grande belle idée de Dieu dans son cœur, son esprit et son imagination. Puis la société se charge d'instruire ce pauvre enfant. Elle lui présente des idées sur Dieu, qui sont autres que les siennes. Elle lui présente des images de Dieu et des saints, qui limitent l'imagination fertile de l'enfant....Ainsi l'idée de l'enfant sur Dieu et sur la sainteté est remplacée par des expressions coutumières sur le bien et le mal, comme les voient les gens. L'enfant mange de l'arbre de la connaissance du bien et du mal dont mangèrent Adam et Eve. Il devient ignorant comme eux. Puis vient le rôle des vrais conducteurs spirituels, non pour ajouter aux connaissances de l'enfant, mais pour en extraire la fausse connaissance qu'il avait prise des mœurs et des coutumes des gens et de leur explication de la religion. Quand son âme sera délivrée de tout cela, il connaîtra réellement Dieu, car Dieu n'est pas étranger à lui, mais plutôt Il habite en lui.










LIBEREZ-VOUS DE L'AMOUR DE L'ENSEIGNEMENT

L'amour de l'enseignement est un grand danger.....Eloignez-vous en, mon frère bien-aimé, où qu'il se trouve, et fuyez-le autant que vous le pouvez.
Vous voulez instruire les gens; mais qu'est-ce que vous voulez leur apprendre?
N'êtes-vous pas d'accord avec moi, mon cher frère, que nous ne sommes pas encore mûrs, que nous n'avons pas encore été instruits? Il y a des choses que nous comprenons d'un seul point de vue, et nous les comprenons mal. Si nous nous mettons à instruire les gens, nous ne leur apprendrons pas la religion comme elle est, mais comme nous la comprenons, dans un certain âge, et dans un degré spirituel et intellectuel déterminé. Il se peut que nous grandissions en âge, en esprit et en intelligence. Alors nous comprendrons la religion d'une autre façon que nous la comprenons aujourd'hui. Que sera alors l'état des gens à qui nous aurions enseigné auparavant?
C'est pour cela et pour d'autres raisons que l'apôtre saint Jacques dit dans son épître: "Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous seront jugés plus sévèrement. Nous bronchons tous de plusieurs manières" (Jac.3: 1-2).
De même, nous entendons le prophète Jérémie dire à Dieu: "je ne sais point parler, car je suis un enfant" (Jér. 1:6). Le prophète Isaïe dit: "je suis un homme dont les lèvres sont impures" (Isaïe 6:5).
Des gens allèrent vers saint Pacôme pour demander une parole de vérité. Il ne parla pas, mais leur envoya son disciple Théodore; et l'Esprit de Dieu leur parla par la langue de ce saint disciple.
Un frère vint à l'un des pères qui était un vieillard, pour prendre un enseignement. Il lui dit: "Restez dans votre cellule, et elle vous enseignera tout." Le frère retourna édifié.....
Il y a beaucoup de contes, lisez-les vous-mêmes, mon frère, et voyez quelle leçon Dieu vous donne par leur voie.
J'ai une remarque à faire avant de quitter ce sujet: Plusieurs enseignements des saints pères nous sont parvenus par l'un de deux chemins: ou bien l'un des moines écrivait ce que disait le vieux père pendant qu'il parlait aux frères, ou bien le père enregistrait des méditations pour sa propre édfication, puis après sa mort, on les trouvait dans sa cellule, et les gens en profitaient.
Mon frère bien-aimé, il y a une très grande différence entre l'enseignement et l'amour de l'enseignement. La Sainte Bible qui encourage l'enseignement l'a confiée à des personnes déterminées. Quant à l'amour de l'enseignement, il y a là un grand danger. Souvent le démon se déguise........Avec l'amour de l'enseignement vient souvent une sensation secrète ou apparente de capacité personnelle, et de distinction des autres. Plus le cercle de l'enseignement chez quelqu'un prend de l'ampleur, plus cette sensation grandit; à tel point que parfois il entre à l'église, non pour être édifié, mais pour critiquer et pour se poser en professeur de ceux qui enseignent. Il ne prend jamais, mais il donne continuellement. Pareille personne qui ne prend point, sera un jour desséchée et n'aura plus rien à donner.
Tandis que les pères étaient exactement le contraire. Ils s'instruisaient continuellement et bénéficiaient de toutes choses. Le grand saint Antoine apprenait d'une femme qui n'avait pas honte de se déshabiller pour se baigner devant un moine. Saint Macaire, le père de tout le désert de Shéhite, apprenait d'un jeune garçon. Saint Arsène qui avait étudié la sagesse des grecs et des romains, apprenait d'un égyptien illettré. Les âmes de ces pères rodaient comme l'abeille diligente qui tire le miel de chaque fleur.
L'amour de l'enseignement comporte un autre danger que m'a rappelé une personne zélée qui était tellement préoccupé par l'enseignement qu'elle s'était oubliée elle-même. Elle lisait la Sainte Bible non pas pour être édifiée, mais pour préparer une leçon. Elle donnait l'aumône aux pauvres, non pas parce qu'elle les aimait, mais pour être un exemple pour les autres. Elle prenait garde dans son comportement, non pas parce qu'elle croyait à ce qu'elle faisait, mais pour ne pas scandaliser les autres. Elle s'asseyait avec les gens, non pas pour retirer quelqu'instruction de leurs âmes, mais pour examiner leur conversation en tant que professeur, afin de porter un jugement en leur expliquant les attitudes justes qu'ils devaient prendre. Une fois même, cet individu dit qu'en se tenant debout pour la prière, si l'Esprit de Dieu le touchait et qu'il sentait quelque chose pendant la prière, ou bien si ses méditations le portaient vers quelque chose, il interrompait sa prière, et s'asseyait pour enregistrer ses expériences afin d'en instruire les gens. Les moyens de la grâce chez cet individu s'étaient renversées. L'enseignement était devenu toutes choses pour lui.
Je voudrais chuchoter un autre mot à votre oreille bien-aimée à mon cœur, c'est: "Qu'est-ce que vous enseignez aux gens? Est-ce la religion? Est-ce que vous pensez que la religion n'est simplement qu'un ensemble de renseignements avec lesquels on se remplit la tête? Je crains beaucoup, mon ami combattant, que la manière de certaines gens ne transforme la religion en une science qu'on étudie, et dans laquelle on passe des examens comme les autres sciences; tandis que la religion est esprit et vie, comme vous le savez.
Celui-là me dit: "Mais je suis un professeur dans l'église. Que ferai-je?" Je lui dis: "Vive votre esprit, mon frère bien-aimé. Vous n'instruisez pas ces âmes, mais vous les aimez. Ces âmes que vous voyez dégagées autour de vous, n'ont pas été libérées par les enseignements, mais par l'amour qui ne faillit jamais. Car l'amour c'est Dieu.








DEGAGEZ-VOUS
DU SENTIMENT DE POSSESSION

Plusieurs prétendent être riches, possédant beaucoup des biens du monde; quant à vous, mon frère bien-aimé, vous vous êtes débarrassé du sentiment de possession, depuis que vous avez été certain que la propriété enchaîne votre âme.
Indubitablement vous êtes venu au monde pauvre comme moi, ne possédant rien. Vous êtes sorti du sein de votre mère, ne possédant pas les langes dans lesquelles ils vous avaient enveloppé, ni le lit sur lequel ils vous avaient couché. Tout ce que vous avez possédé après cela dans le monde, n'est réellement qu'un don de Dieu. Ce n'est pas votre propriété, mais vous en êtes l'économe que Dieu a chargé de l'administrer pour une période limitée qui est la durée de votre vie. Quand votre vie sur la terre sera terminée, vous en sortirez pauvre comme vous étiez venu, et nu comme vous étiez né. Quant aux possessions terrestres dont vous aviez prétendu la propriété quand vous étiez sur la terre et que vous auriez laissées malgré vous, un autre prétendra les posséder, puis il quittera la terre, et un autre prétendra leur possession, et ainsi de suite......
Vous ne possédez donc rien, pas même votre personne. Auparavant vous n'aviez pas de personnalité, car vous n'existiez pas, vous étiez le néant. Puis Dieu vous a donné l'existence. Quand vous aviez chuté , et votre personne était devenue la propriété de la mort et de la ruine, Dieu la racheta avec son sang et paya la rançon pour qu'elle soit la sienne. Rien donc ne vous appartient de toute façon, pas même votre personne.
C'est pourquoi, celui qui pèche contre sa personne, pèche contre Dieu lui-même; car il corrompt une âme qui est la propriété de Dieu, et il corrompt un corps que Dieu s'est complu de rendre un temple du Saint-Esprit, après l'avoir possédé.
Aussi celui qui pèche contre les autres, pèche directement et indirectement contre Dieu lui-même. David avait péché contre Urie le Héthien et sa femme. Il dit malgré cela, à Dieu: "J'ai péché contre toi seul" (Ps. 51:6). Ceci nétait pas seulement à cause de sa désobéissance à Dieu, mais aussi à cause de son péché contre deux êtres qui sont la propriété de Dieu.
Mon frère bien-aimé, si vous ressentez cela, vous comprendrez la gravité du péché dans sa situation exacte. Votre personne ne vous appartient pas pour que vous en disposiez comme les propriétaires qui disposent de leur propriété.
Quant aux possessions, nous avons déjà expliqué comment toutes ne sont pas votre propriété, mais elles sont un don de Dieu. Vous êtes simplement une personne qui a été chargée de les gérer honnêtement comme il convient à un économe fidèle. Dieu vous demandera compte de votre administration quand il dira: "rends-moi compte de ton administration".....C'est pourquoi nous voyons que le très riche roi David concevait les choses telles qu'elles sont en réalité, quand il dit: "Moi, je suis pauvre et indigent" (Ps.70:6). Selon la fausse coutume humaine, il n'était pas pauvre. Mais selon le point de vue spirituel sain, il ne possédait vraiment rien. C'est pourquoi aussi, nous trouvons que les saints pères faisaient de leur propre choix, le vœu de pauvreté, et ils regardaient ce vœu comme étant une des bases sur lesquelles repose leur vie monacale.
Ainsi vous pourrez comprendre l'aumône dans sa vraie signification. Vous ne donnez rien qui vous appartient, mais vous donnez ce qui appartient à Dieu, aux créatures de Dieu. Ceci ne porte donc pas à la justice propre ou à la glorification de soi-même. Ceci ne vous porte pas aussi à penser à vous éloigner de la louange de ceux qui vous louent, lorsque vous faites l'aumône en signant "un bienfaiteur", vous louant vous-même en louant ainsi votre générosité. J'étais content de lire la signature de quelqu'un qui avait fait un don et qui avait écrit: "un ouvrier qui demande de prier pour lui." Le seul être qui fait l'aumône aux gens, de ce qu'il possède, c'est Dieu.
Je n'aime pas appeler l'aumône une vertu. Car elle n'est pas une gratuité de la part du bienfaiteur. Elle n'est, comme nous l'avons dit, qu'un moyen de faire arriver la grâce de Dieu aux autres. Ce que l'on dit de l'aumône pourrait être dit des autres bonnes œuvres qui ne doivent pas être considérées comme une condescendance gratuite.
Il y a un autre élément qui se rapporte à l'aumône, c'est le remerciement pour l'aumône. Comment acceptez-vous, mon frère, que les gens vous remercient pour quelque chose que vous n'avez pas payée de chez vous-même? Si la richesse appartient à Dieu, comment vous remercie-t-on pour elle? Comment acceptez-vous ce remerciement? Rendez gloire à Dieu. Cachez-vous pour qu'Il apparaisse, c'est Lui qui a tout fait.
Le sentiment de possession pourrait enchaîner votre âme, et vous faire sentir ce que vous n'êtes pas en réalité. Fuyez-le, non par renoncement à votre personne, mais en confession de votre réalité. Dieu soit avec vous.










DEGAGEZ-VOUS DU POUVOIR
DE VOTRE PERSONNE

Dégagez-vous, mon ami, de votre servitude à vous-même, car si vous arrivez à une entente avec vous-même, et si vous vous affranchissez de l'intérieur, alors toutes les circonstances environnantes ne pourront pas vous influencer, car vous serez arrivé au dégagement de l'âme.
Mon frère bien-aimé, est-ce que vous pensez que le monde a un pouvoir sur vous? Est-ce que vous croyez que les scandales et les attraits sont la cause de votre chute? Non; vous errez beaucoup si vous pensez ainsi. Le monde et ses attraits pourraient y être seulement pour quelque part, mais la véritable raison fondamentale de votre chute c'est votre personne de l'intérieur.
Si vous n'aviez pas accepté le péché, si vous ne l'aviez pas accueilli, ou si vous ne l'aviez pas aimé, si vous n'aviez pas été ainsi, alors vous ne seriez point tombé.
Joseph vivait dans une atmosphère saturée de péché. Il en était effectivement et violemment entouré, mais il ne succomba pas, car toutes les choses séduisantes étaient incapables d'entrer dans son cœur pur. Il triompha de toutes les apparences extérieures, car il était triomphant en son intérieur.
Ne dites pas: je suis tombé parce que le monde est plein de choses provocantes. Mais il serait plus juste de dire que vous êtes tombé parce qu'il y a dans votre cœur un penchant vers ces choses provocantes, et que vous les acceptez.
Deux personnes passent sur leur chemin devant une boutique de boissons alcooliques. L'un d'eux ne peut pas résister à la vue des bouteilles de boissons exposées; il entre, boit et s'enivre. Tandis que l'autre passe devant la boutique sans sentir son existence ou l'existence des boissons qu'elle contient. Il ne la voit pas scandaleuse. Elle ne laisse pas de traces dans son âme, elle ne l'attire pas. Il y a une seule raison pour cela: c'est que son cœur est dénué de l'envie de la boisson, dénué de l'amour de la boisson. Son cœur est pur de l'intérieur, et les influences extérieures ne peuvent pas avoir raison de lui.
Donc, votre triomphe dans votre vie spirituelle dépend d'un élément vital, qui est le résultat du combat intérieur en vous-même. Si vous pouvez crucifier votre personne en votre intérieur, vous sortirez au monde extérieur avec cet œil simple qui voit en toute chose le bien extérieur et la beauté. Comme dit l'apôtre: "Tout est pur pour ceux qui sont purs" (Tite1:15).
Certaines personnes évitent les milieux extérieurs scandaleux. Ceci est bon et un devoir, car Dieu nous a défendu la "compagnie des moqueurs" et "la voie des pécheurs" (PS. 1:1). Mais l'erreur réside en ce que ces personnes se contentent d'éviter les milieux extérieurs, tout en laissant l'animal couché dans leur intérieur tel qu'il est dans sa convoitise du monde et des choses qui sont dans le monde. Pareilles personnes pourraient rencontrer un succès momentané. Mais avec quelle rapidité tomberont-ils quand les tentations feront pression sur eux, et quand les choses séduisantes attaqueront violemment leurs vies!.......Ceux-là aiment le péché, même s'ils ne le commettent pas; et celui qui aime le péché devra nécessairement succomber, ne serait-ce qu'après un cetain temps, quelque soit combien il l'évite.
Pareilles gens s'éloignent du mal, mais en même temps ils croient que leur action est un sacrifice de leur part pour Dieu; exactement comme les pécheurs, ils ne cessent pas de croire que le mal est délicieux, que le péché est doux et désirable; ils ne cessent pas de regarder l'arbre et de le "trouver bon à manger et agréable à la vue" (Gen. 3:6). Mais ils diffèrent en un seul point, c'est qu'ils n'étendent pas la main pour cueillir le fruit. Ils n'ont pas triomphé de l'intérieur. Dieu n'habite pas dans leurs cœurs,; c'est pourquoi le monde les attire et les scandalise; car il contient le péché aimé qu'ils convoitent; mais ils le fuient de crainte d'y tomber.
Je peux dire que ceux-là obéissent aux commandements de Dieu, en ce qui regarde l'action, même s'ils ne les aiment pas et ne l'aiment pas.
Pareil genre pourrait être sauvé, comme par le feu, s'il persévère dans sa lutte. Il se peut que ces personnes ne puissent pas continuer dans leur lutte et alors elles tomberont, et leur chute sera grande, car leur maison n'est pas fondée sur le roc. Tandis que l'attitude correcte dans laquelle l'âme serait dégagée, c'est de ne pas être l'esclave du péché, et de ne pas l'aimer. Alors, l'homme serait libre de l'influence du mal sur lui. Les choses qui constituent des appâts aux yeux des autres, ne seraient pas attrayantes pour lui, car elles ne le séduisent pas, mais au contraire, elles ne s'accordent pas avec sa nature sainte. C'est pourquoi elles ne trouvent pas de réaction chez lui; mais plutôt il les repousse sans effort et sans peine, car il a abandonné cette lutte négative, et sa lutte est devenue une course vers l'approfondissement en esprit dans la connaissance de Dieu.
Mais l'homme ne peut pas arriver à cet état avant de se purifier de l'intérieur, avant de triompher de sa convoitise dans sa lutte avec lui-même, comme nous l'avons dit. L'homme doit atteindre la conviction certaine de l'âcreté et de l'horreur du péché, et de la douceur de Dieu et du plaisir de la vie avec Lui.
Dans cette guerre intérieure, l'homme traite durement son corps et le tient assujetti. Plutôt il crucifie en lui-même ses désirs et ses convoitises, il ne les laisse pas crier et attendrir son cœur par leurs cris et leurs promesses. Il les regarde du point de vue de Dieu, et les voit méprisables, ne méritant rien. Alors il s'en écarte.....et ainsi il dit avec l'apôtre; "J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi" (Gal. 2:20). Ne voyez-vous pas que ceci fait partie de ce que dit Notre-Seigneur Jésus-Christ: "Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera" (Marc 8:35).
Mais ceci ne peut pas être réalisé sans une aide spéciale de Dieu. C'est pourquoi la lutte avec soi-même doit nécessairement être accompagnée d'une lutte avec Dieu. Luttez avec Lui, mon frère, en le suppliant et en répétant la parole du juste Jacob: "Je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni" (Gen. 32:26). Dites-lui aussi: "Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige" (Ps. 51:9). Soyez confiant que si vous sortez vainqueur dans ce combat, il sera impossible à toutes les forces du mal de triompher de vous, même si elles se réunissent ensemble.
Mais vous remarquez, mon frère bien-aimé, que ceci nécessite la solitude. C'est pourquoi la retraite dans la solitude est un élément essentiel dans la vie des enfants de Dieu.. Il leur est possible dans la solitude de "s'asseoir avec eux-mêmes", de méditer, et de "s'asseoir avec leur Créateur", de contempler, et d'en sortir avec des armes renouvelées qui les aideront dans leur vie spirituelle, et les pousseront continuellement vers la profondeur.......Regardez bien votre vie, observez-la franchement, peut-être que parmi les raisons de sa chute, il y a un besoin de solitude.
La personne à qui manque la retraite dans la solitude, est une personne qui ne se connaît pas réellement. Dans la plupart des cas, c'est une personne emportée par le courant, qui ne sait pas où elle va. C'est une personne qui pense avec la mentalité de la multitude, et qui est guidée par elle; et qui ainsi suit la pente, et demeure dans sa course jusqu'à ce qu'elle ressente sa chute quand elle rentrera en elle-même.
Quant à vous, ne soyez pas cette personne. Fixez pour vous-même des moments sacrés dans lesquels vous revisez votre conduite et vous vous rappelez les principes sublimes dont vous êtes convaincu depuis longtemps, dans lesquels vous passez en revue les vies des enfants triomphants de Dieu, et vous nourrissez votre âme par la parole de Dieu et par la vie et les œuvres des pères; et dans lesquels vous répandez ardemment et profondément vore âme devant Dieu, et vous prenez de Lui votre pain quotidien dont votre âme ne pourra jamais se passer.
Que Dieu soit avec vous, vous fortifie, vous donne la sainteté de chez Lui, et qu'Il nous pardonne nos péchés.









PAUVRES

"Est-ce que vous croyez que je serai le seul à rendre compte de mes péchés?......Non, car vous partagerez le compte avec moi.....Si l'Eglise avait pris soin de moi, je ne serais pas arrivé à cet état!"

Il me dit en soufflant la fumée de sa cigarette sur mon visage: "Peut-être vous vous étonnez de mon état maintenant." Je regardais ces longs cheveux brillants et coiffés, ses yeux creux, ses dents jaunes, et ses doigts qui tremblaient avec une nervosité apparente, et je sentis envers lui beaucoup de pitié.....C'est l'un de ceux que le Christ a rachetés par son sang....Avant de répondre un mot, il continua amèrement:
"Je n'étais pas ainsi, comme vous le savez......J'avais l'âme forte, j'avais des mœurs satisfaisantes, j'allais régulièrement à l'église. Puis je commençais à dépérir peu à peu jusqu'à ce que je cessais d'assister aux réunions. Personne de la part de l'église ne vint pour me visiter ou pour essayer de me faire revenir. Mes absences augmentèrent, et ma tiédeur aussi. Ma volonté s'affaiblit, et je continuais à tomber de mon haut sommet sans que personne ne me visite.....jusqu'à ce que le démon me visita......Quand il vint, il trouva mon cœur paré et meublé, et trouva ma volonté défaillante. Il ne trouva autour de moi ni évangile ni prière, ni aucun des conducteurs spirituels; et ainsi je fus perdu comme une victime facile, et je marchai dans les ténèbres......ces ténèbres bien-aimées que les hommes avaient préférées à la lumière." Il hocha tranquillement la tête et dit: "Maintenant, j'achète quatre boîtes de tabac chaque jour."
Je sursautai d'étonnement et de peine, mais il continua: "Je vais au cinéma au moins trois fois par semaine, je lis les histoires frivoles, et je passe le temps à écouter les chansons lassives. Je suis accompagné d'un groupe de gens qui ressemblent aux démons de l'enfer.....Au commencement de ma chute, je m'opposais au péché, mais je ne pouvais pas résister à cause de la faiblesse de ma volonté.......Tandis que maintenant, je n'ai aucune résistance." Puis il dit en ricanant: "Je crains de dire que c'est le péché qui s'oppose à moi, mais ne peut pas résister à cause de la faiblesse de sa volonté!"
Entretemps, j'étais très triste. Quant à lui, il me regarda durement et me dit avec vivacité: "Est-ce que vous pensez que je rendrai compte de mes péchés tout seul? Non, car vous partagerez le compte avec moi......Si l'église avait pris soin de moi, je ne serais pas arrivé à cet état."
Mon cher lecteur, il n'importe pas que je vous complète l'histoire de ce jeune homme, car il y en a beaucoup de pareilles. Mais je vous dis que je rentrai cette nuit à la maison, extrêmement peiné pour lui et pour moi-même. Je me mis à me demander franchement: Combien de personnes comme celui-là devinrent dans un état détéroriant parce que je ne les avais pas visitées et n'en avais pas pris soin. Je commençai à passer en revue les noms de ceux que je n'avais pas visités depuis longtemps, et je fus saisi d'effroi et d'angoisse. Je me sentais très inquiet pour eux, puis je me demandais: "peut-être que ma présence comme servant constitue un obstacle pour le service de Dieu.....L'expression du jeune homme sonna à mes oreilles: "Vous partagerez le compte avec moi", et je me rappelai la parole de l'apôtre saint Jacques: "Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. Nous bronchons tous de plusieurs manières" (Jacques 3: 1-2).
Quand cet état troublé demeura un certain temps, je demandai à être dispensé du service. Ma demande fut refusée et je me jetai devant Dieu et pleurai amèrement. Je compris que j'étais pauvre......j'étais à plaindre quand j'avais accepté d'être un servant sans dire la parole de Jérémie: "Ah! Seigneur Eternel! voici, je ne sais point parler, car je suis un enfant" (Jér. 1:6); j'étais pauvre quand je croyais que la leçon n'est qu'une conférence que je donne tranquillement, puis je n'en vais tranquillement.
Mes frères lecteurs, priez tous pour moi, et pour tous les professeurs des Ecoles du Dimanche, car ils en ont besoin.
Quand je me plains et je suis peiné de la responsabilité d'une petite classe, que dirai-je, mes frères, de mes pères les prêtres? Ne sont-ils pas plutôt beaucoup à plaindre? Que fera le prêtre qui est responsable de cinq ou de dix mille personnes? Que répondra-t-il quand Dieu l'appellera disant: "Rends compte de ton administration" (Luc 10:2). Dans l'Eglise de nos premiers pères, le prêtre co-opérait avec un groupe de diacres qui l'aidaient. Ils travaillaient avec lui, l'aidaient dans son ministère et ils mangeaient avec lui des biens de l'église. Tandis que maintenant, notre père le prêtre agit seul. Priez donc beaucoup pour lui afin que Dieu l'aide à compléter son devoir.
Et vous, mon père le prêtre, qu'est-ce qui vous a poussé vers la prêtrise? Est-ce que vous avez regardé sa distinction ou sa responsabilité? Ne savez-vous pas, mon père, que vous êtes responsable de tout votre troupeau: les grands et les petits, les femmes et les hommes, les jeunes gens et les jeunes filles. Vous n'êtes pas responsable seulement de ceux qui viennent à l'église, mais aussi de ceux qui sont dans les lieux d'amusement et de corruption, de tout jeune homme débauché sur la route, de tout ivrogne dans le débit de boissons, et de toute querelle dans les familles.
Si vous ne savez pas, mon père, que vous êtes beaucoup à plaindre, il vaut mieux pour vous que vous le sachiez dès à présent. Entrez dans votre chambre et pleurez amèrement. Confiez-vous à Dieu. Dites-lui que vous êtes pauvre et que votre fardeau est lourd. Luttez et veillez, "craignez qu'il ne vous trouve endormi, à son arrivée soudaine" (Marc 18:36).
Si notre père le prêtre est ainsi, que dirons-nous, mes frères, de nos pères les évêques à qui Dieu demandera de rendre compte de 200000 âmes ou plus, à chacun d'entre eux, qu'ils soient prêtres ou laïques?! Ne pensez-vous pas avec moi, mes frères, qu'ils sont beaucoup à plaindre? Priez pour eux, donc, avec ferveur, afin que Dieu les aide dans l'accomplissement de leurs tâches. Et vous, mon père l'évêque, qu'est-ce qui vous a poussé vers l'épiscopat? Est-ce la position ou la responsabilité? Est-ce que vous avez désiré le siège, l'autorité, le titre de "Monseigneur", et la qualité de membre du Saint Synode, ou bien est-ce que vous désirez le salut des âmes?
Puis, qu'avez-vous fait, Monseigneur l'évêque, en ce qui regarde votre responsabilité? Comparez entre l'état de l'évêché depuis que vous en avez pris charge jusqu'à présent.....Est-ce qu'il a avancé ou bien il demeure tel qu'il était? Il serait bon pour vous, Monseigneur l'évêque, d'entrer dans votre cellule et de pleurer amèrement. Souvenez-vous que les saints moines fuyaient cette position, parce que sa responsabilité est terrifiante. Quand on saisissait l'un d'eux par violence et qu'on le sacrait évêque malgré lui, il pleurait et criait devant Dieu en disant: "Vous savez, Seigneur, que je suis allé au monastère pour le salut de mon âme, et voilà que j'ai été ramené au monde avant de sauver mon âme, et l'on me demande d'agir pour le salut des autres aussi. Moi, Seigneur, je ne peux pas, agissez vous-même"; et Dieu agissait.
Quoi donc à propos de nos pères les patriarches à qui Dieu demandera à chacun d'eux de rendre compte d'environ trois millions (Rappelons-nous que cette édition avait paru en 1974.) d'âmes en Egypte, et un nombre supérieur en Abyssinie, au Soudan, et dans les cinq villes occidentales dont nous entendons parler dans la messe....Que dirons-nous de ceux-là et de leurs graves responsabilités? Ne sont-ils pas eux aussi à plaindre?......Priez, mes frères, pour chaque patriarche afin qu'il puisse accomplir son devoir et afin qu'il ait une réponse à donner quand Dieu lui demandera des comptes sur son âme, et sur les âmes des évêques, des prêtres, des diacres, des moines, et des laïques, et quand Il lui demandera des comptes sur la sauvegarde des canons de l'Eglise et sur la propagation de l'orthodoxie dans le monde......
Et vous, qui serez un jour candidat au patriarchat; si ceci vous est proposé, fuyez pour votre vie; et si Dieu vous appelle, regardez ses responsabilités, entrez dans votre cellule et pleurez amèrement devant Dieu.
Mes frères lecteurs, ne regardez pas les serviteurs de Dieu et ceux qui assument des responsabilités, en spectateurs qui les louent quand ils agissent bien, et qui leur demandent des comptes quand ils font mal, mais priez pour eux afin que l'œuvre réussisse.
Et vous, mon maître servant, occupez-vous de la responsabilité et non pas de la position; et quand vous sentirez le fardeau lourd, "Remets ton sort à l'Eternel, et il te soutiendra" (Ps. 55:23).
Fermez la porte, et discutez avec Jésus dans l'obscurité de la nuit. Remplissez la nuit de prières, de luttes et de larmes.


















CECI SE PASSA CETTE NUIT-LA

".........Ils avaient consacré toute leur vie à Dieu. Ainsi ils passaient chaque minute de leur existence à servir. Ils considéraient le service spirituel comme leur emploi principal, et ils regardaient le reste des œuvres du monde comme des choses secondaires."

Ceci se passa cette nuit-là: j'étais seul dans ma chambre privée, allongé sur ma chaise, ne regardant rien; et voici qu'un sourire coupable se dessina sur mes lèvres, ...peut-être que je pensais à moi-même comme un servant....,et alors là, il se passa un incident étrange:
Est-ce que ma tête s'allourdissait, ou bien mes pensées divergèrent et se transformèrent en songes, ou bien est-ce que Dieu m'avait découvert une vision? Je ne le sais pas. Mais je sais une chose, c'est que je regardais, et voici qu'il y avait devant moi un groupe d'anges lumineux, et les voilà qu'ils me portèrent sur leurs ailes et me firent monter en haut. Je regardais sous moi le monde qui devenait de plus en plus petit jusqu'à ce qu'il se transforma en un petit point lumineux dans l'espace de l'univers. J'écoutais les voix et les bruits du monde, et voilà qu'ils devenaient de plus en plus bas jusquà ce qu'ils se transformèrent en silence. Je me regardais, et voici que mon corps devenait de plus en plus léger jusqu'à ce que je sentis que j'étais une âme sans corps.
Je me retournai tout autour de moi, en étant perplexe, et je vis beaucoup d'âmes qui planaient comme moi dans l'espace infinie. Je voyais des milliers et des myriades d'anges: voici les chérubins aux six ailes, et les séraphims pleins d'yeux, et voici toutes leurs voix qui s'élevaient en un seul rythme musical merveilleux disant: "Saint, Saint, Saint." Je ne pus pas me retenir de chanter avec eux sans le sentir: "Saint est Dieu le Père.....Saint est son Fils Unique.....Saint est le Saint-Esprit." Je me réveillai de mon chant pour entendre murmurer un ton saint que personne n'avait entendu auparavant. Je me dirigeai vers la source du son, très avide de savoir d'où il venait, et voici devant moi, à une certaine distance, une belle cité lumineuse suspendue dans le royaume de Dieu, qui vibrait d'hymnes et de cantiques. Mon cœur se remplissait de joie à chaque ton, et mon âme était nostalgiquement secouée. Puis je regardai, et je vis dans la cité, à une certaine distance, des spectres qui étaient plus beaux que les anges: voilà Moïse avec Elie et tous les prophètes, voilà saint Antoine, saint Athanase et tous les saints, voilà mes pères les évêques et mes pères les prêtres, voilà mon père confesseur, puis voilà quelques-uns de mes camarades dans les Ecoles du Dimanche......
Je ne pus regarder davantage, mais je m'élançai violemment vers cette cité lumineuse. Mais, ô quelle merveille! Je ne pouvais pas avancer, car il y avait un ange puissant, très vénérable, noble et majestueux, qui intercepta mon chemin et qui me dit:
----"Halte là! Où allez-vous?" Je lui répondis:
----"A cette grande cité, monseigneur l'ange, là où sont mes camarades, mes frères, et mes pères les saints."
Mais l'ange me regarda surpris et dit:
----"Mais, c'est la "Cité des Servants", êtes-vous un servant?"
Quand je lui répondis affirmativement, il me dit:
----"Vous avez tort, mon ami, car votre nom n'est pas inscrit dans le registre des servants."
La surprise troubla mon âme, et je criai vers cet ange gardien de la
cité:
----"Comment cela? Peut-être que vous ne me connaissez pas mon seigneur l'ange. Informez-vous de moi auprès des Ecoles du Dimanche et auprès des réunions des jeunes gens. Demandez aux églises et aux associations. Enquérez-vous de moi aussi dans la "Cité des Servants", là où plusieurs de mes camarades des Ecoles du Dimanche me connaissent....."L'ange me répondit franchement et sévèrement:
----"Je vous connais très bien, et eux aussi vous connaissent. Mais malgré cela, vous n'êtes pas un servant. C'est le jugement de Dieu."
Je ne pus pas supporter ces mots; je tombai à genoux en pleurant
amèrement. Mais un autre ange vint et essuya toute larme de mes yeux, et me dit avec compassion:
---"Mon frère, vous êtes dans l'endroit d'où la tristesse et la détresse
ont fui, pourquoi donc êtes-vous affligé? Venez avec moi pour que nous nous entendions." Nous nous assîmes seuls pour discuter, et il me dit:
---"Ceux-là que vous voyez dans la "Cité des Servants" avaient consacré toute leur vie à Dieu. Ils passaient chaque minute de leur existence à servir. La vie de l'apôtre Paul et des autres apôtres n'était-elle pas ainsi? La vie des saints n'était-elle pas ainsi?
Quant à vous, mon ami, vous n'étiez pas consacré, mais vous serviez le
monde. Tout votre service spirituel se bornait à une heure par semaine
que vous passiez aux Ecoles du Dimanche. Parfois vos autres services vous laissaient donner une seconde heure à Dieu. Est-ce que pour deux heures par semaine, vous voulez vous asseoir à côté des apôtres, des prophètes et des prêtres dans la "Cité des Servants?"
J'étais confus de honte pendant toute cette conversation, mais je
résistais à ma honte, et j'eus le courage de demander à l'ange:
----"Mais je vois dans la "Cité des Servants" quelques-uns de mes
camarades dans les Ecoles du Dimanche. Ils sont comme moi, et servent
comme moi." L'ange me répondit:
----"Non! Ils ne sont pas comme vous. C'est vrai qu'ils servaient pendant une heure ou plus dans les Ecoles du Dimanche, mais ils passaient toute la semaine à se préparer pour cette heure. Ils passaient beaucoup de temps dans la préparation des leçons, des moyens d'explication, des manières d'intéresser; dans la prière pour tout cela; dans l'étude des circonstances de chaque élève en particulier, et dans la réflexion à la manière de le corriger, chacun à part. Ajoutez à cela leur préoccupation dans les visites, et dans l'invention des moyens utiles pour remplir le temps de leurs élèves pendant la semaine.
Puis, ils rendaient d'autres sevices secrets que vous ne connaissez pas. Ainsi ils considéraient le service spirituel comme leur travail principal, et ils regardaient le reste des œuvres du monde comme des choses secondaires. Je ne veux pas dire qu'ils avaient négligé leurs responsabilités et leurs devoirs mondains, mais plutôt ils leurs étaient très fidèles et il y réussissaient extrêmement. Même leur travail mondain aussi ne manquait pas de service. Ainsi ils ont été comptés comme consacrés."
Je fus étonné de cette expression et je demandai:
-----"Et comment pourrais-je être un servant tandis que je suis occupé à mon travail mondain?" L'ange me répondit:
----Peut-être vous avez oublié la généralité du service! Vous devez servir Dieu en tout temps et en tout lieu: dans l'Eglise, en chemin, dans votre maison, dans l'endroit où vous travaillez, et partout où vous allez et partout où vous êtes présent.
Il ne faut pas donc séparer la profession du service. Nous avons, dans la "Cité des Servants" des professeurs qui avaient été capables d'attirer tous leurs élèves chrétiens aux Ecoles du Dimanche, de les corriger et d'avoir continuellement soin d'eux. Nous avons, dans la "Cité des Servants" des médecins qui n'avaient pas considéré la médecine comme un commerce, mais qui s'étaient occupés, avant toute chose, de la santé des malades, quelle qu'était leur condition financière. Souvent ils traitaient leur malade et lui envoyaient les médicaments; tout cela sans rétribution. Plutôt même ils fondaient des hopitaux et des centres médicaux gratuits.
Nous avons dans la "Cité des Servants" des employés qui avaient été capables de conduire tous leurs camarades de travail à l'église pour se confesser et communier des saints mystères. Il y a là aussi des ingénieurs, des avocats, des artistes, des commerçants, et des industriels: tous ceux-là étaient des servants dans leurs professions. Est-ce que vous êtes ainsi?"
J'eus honte de moi-même et ne répondis pas. Mais l'ange me réprimanda durement en disant:
----"Ceci est à propos du service là où vous travaillez; puis qu'en est-il à propos de votre service dans votre famille? Josué que vous voyez dans la "Cité des Servants" disait: "Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel" (Josué 24:15).
Mais vous, vous n'avez pas servi votre maison, mais au contraire vous disputiez continuellement avec les personnes de votre famille. Ils ne vous comprenaient pas et vous aviez laissé plusieurs d'entre eux périr sans les aider; et la raison de tout cela c'est que vous aviez échoué à vous faire aimer d'eux pour qu'ils vous imitent.
Puis, qu'en est-il de vos amis et de vos camarades, de vos voisins et de vos connaissances? Vous les visitiez aux fêtes de Noël et de Pâques sans leur parler de la Nativité ou de la Résurrection, de la nouvelle naissance et de l'enlèvement du péché, mais plutôt vous vous réjouissiez avec eux d'une jouissance mondaine. Plusieurs occasions de les servir vous avaient été fournies, mais vous ne les aviez pas saisies. Après tout cela, est-ce que vous vous considérez comme un servant?!"
Je baissai la tête de honte pour la troisième fois, mais cependant, je trouvais une réponse et je dis:
----"Mais vous savez, mon seigneur l'ange, que je suis une personne dont les talents sont pauvres, et que je ne pouvais pas rendre tous ces services."
L'ange fut surpris, et comme s'il avait entendu cette opinion pour la première fois, il me dit vivement:
----"Des talents! Et qui a dit que sans talents vous ne pouvez pas servir?! Mon frère, il y a là-bas ce qu'on appelle l'exhortation silencieuse: on ne vous demande pas d'être un sermonneur, mais d'être une exhortation .....Les gens regardent votre face et ils apprennent la douceur, la bonne humeur et la simplicité. Ils écoutent vos paroles et apprennent la pureté, la véracité, et la probité. Ils traitent avec vous, et voient en vous l'indulgence, la fidélité, le sacrifice, et l'amour des autres; et ils vous aiment et vous imitent, et deviennent pieux par votre intermédiaire, sans exhortation et sans que vous montiez sur l'ambon. Puis, il y a votre prière pour eux qui pourrait être plus efficace que vos exhortations."
Pour la quatrième fois, j'étais embarrassé et déconcerté. Je ne répondis pas. L'ange continua:
----"Vous auriez dû aussi, en tant qu'une exhortation silencieuse, vous éloigner des scandales, et ne pas vous comporter d'une façon qui pourrait être mal interprétée et scandaliser les autres, quelqu'innocent que puisse paraître votre comportement. Ainsi vous seriez sans blâme devant Dieu et devant les hommes, comme dit la Sainte Bible, en mettant devant vos yeux, en tant que servant, la parole de l'apôtre Paul: "Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile" (1 Cor. 6:12).
Je contemplai ma vie, et je trouvai que dans beaucoup de situations, j'avais causé l'erreur des autres, sans toutefois que je l'eusse voulu. L'ange interrompit mes méditations en me disant avec compassion:
----"Mais cela n'est pas tout. J'ai beaucoup pitié de vous, mon ami l'homme, et j'avais encore plus de pitié pour vous pendant que vous étiez dans le monde, et surtout à ces moments quand vous étiez affligé à cause de votre "justice propre." Vous regardiez vos nombreux services et vous pensiez être un exemple du serviteur, tandis que vous n'étiez pas du tout compté comme servant (ou serviteur de Dieu). Peut-être que vous aviez commis beaucoup d'autres fautes.
L'une d'elles c'est que votre service était un service de cérémonie. Vous alliez aux Ecoles du Dimanche chaque semaine comme d'habitude. Vous priiez avec les enfants selon votre habitude aussi. Vous enregistriez les présents et les absents; et vous donniez une récompense à ceux qui étaient constants; mais vous négligiez celui qui était absent comme si vous n'en étiez pas responsable. Ainsi votre service était dépourvu d'âme et d'amour. Vous n'aviez pas pu arriver aux profondeurs des cœurs des enfants, car vos paroles et votre comportement ne provenaient pas du fond de votre cœur. Il n'y avait pas un esprit joyeux dans les cantiques que vous leur appreniez. Il n'y avait pas l'esprit d'humiliation, de contemplation et de supplication dans votre prière. Il n'y avait pas l'esprit de charité dans vos ordres. C'est ainsi que votre service n'était pas efficace.
De même, vous étiez dans vos exhortations dans les églises ainsi: vous prononciez un sermon parce que le prêtre vous l'avait demandé et que vous lui aviez promis et que vous deviez réaliser votre promesse. Vous vous occupiez des sections du sujet et de son agencement, afin de le délivrer sous une forme qui puisse attirer l'admiration, plus que par intérêt pour le salut des âmes. Votre voix était malgré son volume, sa tonalité, et sa clarté, froide et dénuée de vie. Vous vous réjouissiez, ne serait-ce qu'intérieurement, si quelqu'un louait votre sujet, sans vous soucier si le sujet avait renouvelé la vie de cette personne ou pas. Ne croyez-vous pas avec moi, mon ami, que vous vous serviez vous-même, et que vous ne serviez ni Dieu ni les gens? Peut-être que parmi ce qui prouve cela, c'est aussi que vous accueilliez le service dans les grandes églises renommées où il y avait un grand nombre de personnes, plutôt que dans les petites églises qui n'étaient pas très connues.
Puis, il y a deux choses qui manquaient à votre service: l'amour du service et l'amour de ceux que vous serviez.......Quant à l'amour du service, cela paraît dans la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ: "Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés" (Matt. 5:6).
Est-ce que donc, vous aviez faim et soif du salut des âmes? Est-ce que vous songiez toute la semaine à l'heure que vous passiez parmi vos enfants dans les Ecoles du Dimanche? Est-ce que vous ressentiez de la peine si quelqu'un d'eux s'absentait? Est-ce que vous étiez très avide de revoir cet absent, et n'étiez tranquille que si vous le retrouviez et que vous lui répétiez la leçon?!
Puis le second point c'est l'amour de ceux que vous serviez: est-ce que vous aimiez ceux que vous serviez, et les aimiez-vous jusqu'à la fin comme N.S. Jésus-Christ aimait ses disciples? Est-ce que vous aviez de la sympathie pour eux et vous les combliez de tendresse? Est-ce que les élèves aussi vous avaient aimé; ou bien vous passiez tout le temps à les reprendre et à les punir en les privant des images et des récompenses? Qui vous avait dit que cette méthode était la bonne pour traiter les enfants?
L'amour, mon ami l'homme, est la base principale du service. Si vous n'aimez pas ceux que vous servez, vous ne pourrez pas les servir, et s'ils ne vous aiment pas, il leur sera impossible de profiter de vous."
Je baissai honteusement et amèrement la tête, car ma réalité était découverte, tandis que l'ange me regardait d'un regard plein de sympathie et d'amour, et il dit:
----"Je voudrais vous dire franchement une vérité importante, c'est que vous devez passer une longue période de préparation avant de commencer le service; car comme vous aviez commencé tôt, et n'aviez pas l'expérience spirituelle suffisante, vous êtes tombé dans plusieurs erreurs."
Je le regardai d'un regard inquisiteur comme si j'étais malheureux de commettre des erreurs tandis que j'avais été chargé de corriger les errreurs des autres. L'ange répondit à mon regard en disant:
-----"Il y a un enfant que vous aviez chassé des Ecoles du Dimanche à cause de sa désobéissance et de son irrégularité. Ce renvoi engendra en lui une sorte d'obstination et le jeta dans la rue et dans la mauvaise compagnie. Il est devenu pire qu'il ne l'était. Il a subi de grands dommages à cause de votre comportement; et spécialement que dans son nouvel état il avait perdu le conducteur et les soins. Vous êtes nécessairement responsable de cela, car c'est dans les limites de votre travail." Je répondis:
----"Mais, mon seigneur l'ange, il dérangeai ma leçon. Plutôt il était un mauvais exemple pour les autres."
L'ange répondit amèrement:
----"Est-ce que c'est pour cette raison que vous l'aviez renvoyé? Quel pauvre que vous êtes! Est-ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ vous a envoyé pour appeler des justes ou bien des pécheurs à la repentance? Vos élèves saints à cause desquels vous luttiez contre la justice propre, doivent leur sainteté à l'œuvre de Dieu en eux. Quant à ce garçon querelleur, c'est lui dont vous auriez dû prendre soin. C'est pour pareille espèce que Dieu vous a appelé. Si vous aviez consacré tous vos efforts pour corriger seulement cet enfant, et si vous n'aviez pas d'autre travail à faire dans votre vie de service, cela aurait été suffisant pour votre entrée dans la " Cité des Servants"........Vous auriez dû apprécier la valeur de l'âme, et avoir beaucoup de patience.
Car le servant des Ecoles du Dimanche dont les capacités sont dénuées de ces deux qualités, ne mérite pas d'être un servant."
Je dis à l'ange en le suppliant:
----"Et qu'est-ce que vous auriez voulu que je fasse avec cet enfant?" Il répondit:
----"Le servir autant que vous le pouviez, examiner sa mentalité, le traiter selon son état, et beaucoup prier pour lui. Si vous aviez échoué, vous ne l'auriez pas chassé, mais vous l'auriez transféré à une autre classe. Peut-être qu'un de vos camarades les professeurs aurait réussi là où vous aviez échoué. Si cela n'avait servi à rien, vous auriez pu consacrer une ou plusieurs classes des Ecoles du Dimanche pour les enfants querelleurs. Dans ces classes, les enfants auraient reçu un traitement spécial qui convient à leurs caractères. Vous auriez pu les visiter souvent et les rapprocher de vos cœurs sans renvoyer aucun d'eux, quelque soit le cas. Ils ne sont pas plus mauvais que l'état primitif de Zacchée ou de la femme samaritaine ou de la ville de Ninive. Le serviteur de Dieu ne connaît pas du tout le désespoir, tant qu'il a la prière avec humilité et tant qu'il a un cœur aimant."
Je sentis du regret de mes agissements anciens. Mais l'ange continua:
----"Puis, il y avait un autre enfant qui s'était absenté de votre classe pour une durée d'une ou de deux semaines, et que vous n'aviez pas visité. Tout ce que vous aviez fait, comme un employé officiel aux Ecoles du Dimanche! c'est que vous l'aviez marqué dans votre registre parmi les absents. L'enfant profita de ce que vous ne l'aviez pas visité pour continuer à s'absenter, et vous aviez saisi l'occasion de son absence continue pour le rayer de votre liste."
L'ange me regarda sévèrement et dit:
----"Pourquoi ne l'aviez-vous pas visité?"
Je faiblis face à sa voix aigue et son regard, et je me tus, terrifié; tandis qu'il répéta sa question une seconde fois d'une manière violente:
----"Pourquoi ne l'aviez-vous pas visité?"
Je sentis une tempête s'emparer de ma tête et je ne répondis pas, tandis que l'ange trembla et dit en étant troublé:
----"Son état spirituel maintenant porte à la pitié. S'il continue ainsi……"
Sa voix devint suffoquée, il se tut un instant, puis il dit:
----"Nous prions pour lui, beaucoup d'anges et moi, afin que Dieu le délivre…..Quand Dieu exaucera notre prière, et nous enverra un autre servant qui soit fidèle dans son service, et quand l'enfant sera délivré, sa délivrance ne vous dispensera pas d'être responsable."
Sa voix était basse et affligée et je ne pus pas la supporter. Je vis des scènes qui tournaient devant mes yeux, puis je tombai évanoui……..Quand je fus rappelé à mes sens, l'ange me regardait avec pitié. Son regard m'encouragea à parler et je dis:
----"Pardonnez-moi, mon seigneur l'ange, il y avait dans ma classe trente enfants. Je ne pouvais pas les visiter tous." Il me répondit:
----"Même vous, vous avez succombé dans cette tentation, dans la séduction des nombres. Dieu ne mesure pas le service par le nombre des élèves, mais par le nombre de ceux qui sont renouvelés et ceux qui sont sauvés parmi eux…….Je sais qu'il était difficile pour vous de vous occuper de trente enfants, du point de vue de l'ordre, des visites, des soins et de l'instruction. Plutôt il vous était difficile simplement même de connaître leurs noms par cœur.
Vous n'aviez pas pu dire avec le Christ: "Je connais mes brebis, et elles me connaissent" (Jean 10:14). Mais pourquoi ne vous êtes-vous pas suffi par exemple, de dix élèves dans votre service?"
Je préférai me taire car je ne trouvai pas de réponse. Mais l'ange dit en étant apitoyé:
----"Est-ce que vous savez quelle était la plus importante raison de votre échec, à part ce que nous avons déjà dit? C'est que vous comptiez sur vous-même. Ainsi vous aviez oublié de prier et de jeûner pour le service. Vos camarades les professeurs des Ecoles du Dimanche qui sont dans la "Cité des Servants" priaient et jeûnaient spécialement pour leurs classes. Ils mentionnaient leurs enfants un à un devant Dieu, chaque jour de la semaine, en demandant une demande spéciale pour chacun; ils demandaient même à leurs pères les prêtres de célébrer des messes spéciales pour leurs enfants. Est-ce que vous étiez ainsi?
Tout ceci est à propos du service spirituel. Qu'en est-il à propos de votre service matériel? Est-ce que vous le croyez être quelque chose de secondaire? Ne saviez-vous pas que le riche qui vivait au temps de Lazare s'est perdu parce qu'il n'avait pas eu pitié du pauvre Lazare? N'avez-vous pas entendu le Christ dire aux damnés: "Car jai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu; j'étais malade, et vous ne m'avez pas visité" (Matt.25:42-43).? Qu'est-ce que vous avez fait, vous? Ne vous êtes-vous pas attaché au superflu tandis que vos frères avaient besoin du nécessaire? N'avez-vous pas……"
Je ne pus pas supporter davantage, et je criai de douleur:
---"Cela suffit, mon seigneur l'ange, maintenant je sais que je ne mérite pas du tout d'entrer dans la "Cité des Servants", j'étais dupe d'une vanité impudente. Mais maintenant que je sais tout, je demande une autre chance de travailler comme un servant véritable." L'ange me dit:
----"Vous en aviez l'occaion, mais vous ne l'aviez pas saisie; et puis, vos jours sur la terre sont terminés…."
J'insistai, et je demeurer à pleurer et à le supplier. Mais il me regarda avec pitié et amour et il me laissa et s'en alla tandis que je continuai à crier:
----"Je veux une autre chance, je veux une autre chance."
Quand il disparut à ma vue, je tombai à genoux en criant:
----"Je veux une autre chance" Puis tout tourna et je ne sentis plus rien………
Il se passa un certain temps pendant lequel j'étais dans le coma. Puis finalement je fus rendu à mes sens et j'ouvris les yeux.
Mais j'étais étonné, ma surprise augmenta…….je demeurai à regarder autour de moi sans me croire. Puis je me regardai bien moi-même, et voilà que j'étais encore seul, allongé sur ma chaise dans ma chambre privée…
Oh! La miséricorde de Dieu!….Est-ce que vraiment j'avais été donné une autre chance d'être un bon servant?…..Je me levai et priai en Le remerciant profondément; puis je décidai de tout dire à mes frères. Je pris quelques feuilles blanches, et je me mis à écrire: "Ceci se passa dans cette nuit-là………."


















ET ILS M'ONT LAISSE SEUL

"Voici, l'heure vient, et elle déjà venue, où vous serez dispersés chacun de son côté, et où vous me laisserez seul" (Jean 16:32).
DEBOUT SEUL:
Ce miséricordieux aimant, ce bon cœur "allant de lieu en lieu faisant du bien" (Actes 10:38); allait de village en village, et de cité en cité, "prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple" (Matt. 4:23)……Cependant, Il vivait une vie pleine d'affliction. Tous le laissaient seul, malgré que dans sa tendresse, Il n'abandonnait personne. Ainsi nous l'avons trouvé seul dans ses peines et dans ses souffrances, seul face à l'injustice et à la persécution: personne ne l'a défendu, personne ne s'est tenu à ses côtés, mais il a "été seul à fouler au pressoir" (Isaïe 63:3).
Il priait dans le jardin de Gethsémanie; son âme était troublée; Il parlait au Père avec instance, "et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre" (Luc 22:44); Il criait tristement "disant: Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe (Luc 22:44). Quant à ses apôtres ceux-là qu'Il aimait, quant à ses amis, ils l'avaient laissé seul et s'étaient endormis. Trois fois, Il les avait priés de veiller une heure avec Lui, mais ils ne lui avaient pas obéi.
Quand il fut saisi, ses apôtres furent "dispersés chacun de son côté" (Jean 16:32), et le laissèrent seul, comme Il le leur avait dit auparavant. Quand Il était jugé, personne ne le défendait, Lui qui avait défendu les plus renommés des pécheurs…..dans ses souffrances, il n'y avait là-bas personne pour le consoler.
C'est une leçon que Notre-Seigneur nous donne quand tous nous persécutent et nous abandonnent, même nos élèves, et quand chacun de nous se tient seul.
Non seulement au temps des souffrances, mais aussi dans toute sa vie…Il parlait dans le temple, aux juifs, de la communion de son corps et de son sang. Quelques-uns d'entre eux trouvèrent cela difficile à comprendre. Saint Jean dit: "Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller?" (Jean 6:66-67).
Une fois, Il invita beaucoup de gens. Mais l'un s'excusa pour ses bœufs qu'il voulait examiner, l'autre s'excusa parce qu'il était occupé avec sa femme, et le troisième s'excusa pour son champ. (Luc 14: 16:24). Tous le laissèrent seul, malgré qu'ils étaient tous parmi ceux auxquels il avait donné des grâces.
Le temps me manquerait, mon frère, si je vous parlais du Christ se tenant seul, Lui qui est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu (Jean 1:11); cette lumière qui "était venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière" (Jean 3:19).
Tout ceci se passa dans l'ancien temps, et ne cesse de se passer jusqu'aujourd'hui. La même ancienne image: le Christ debout, et le monde préoccupé par ses plaisirs, ses divertissements et son étourderie. Il n'y a personne qui s'occupe de Jésus, aucune personne; il n'y a personne qui s'asseoit avec Lui comme Marie, sœur de Marthe; ou qui se penche sur son sein comme Jean (Jean 13:23); ou qui lui lave les pieds comme la femme pécheresse. Le Christ lui-même ressent cette solitude et sait que la plupart des gens du monde sont loin de lui. Plutôt, dans la Bible, Il se demande: "quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" (Luc 18:8).
Est-ce que vous aussi, vous laissez Jésus seul, est-ce qu'il y a ce qui vous préoccupe loin de Lui? Demandez-le à vous-même.
IL ETAIT SEUL DANS SES PENSEES.
Il y avait peu de gens qui pensaient au Christ; et même ceux -là qui pensaient à Lui, qui Lui parlaient et qui l'écoutaient, eux aussi avaient leur manière spéciale de penser qui était souvent en contradiction avec la manière du Bon Maître.
Notre-Seigneur Jésus-Christ alla en Samarie, et cette cité pécheresse le renvoya et ferma ses portes en face de Lui. Alors, les deux apôtres qui étaient avec le Christ, se retournèrent vers Lui et dirent:
"Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume?" (Luc 9:54). Le Seigneur leur répondit:
"Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l'homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver" (Luc 9: 55-56). Ces deux apôtres pensaient d'une manière qui était autre que la manière de penser de leur Bon Maître qui sentait qu'il avait dans cette cité beaucoup d'élus.
Les apôtres avaient tiré ce sentiment d'inimitié envers les samaritains, de leurs contemporains pharisiens, scribes et autres. Quant à Notre-Seigneur Jésus-Christ, Il était unique dans ses pensées à propos de ceux-là. Il les aimait, sypmpatisait avec eux et voulait les attirer à Lui: et c'est ainsi qu'Il parla aux gens du bon samaritain,et qu'Il parcourut à pied une longue distance por convertir une femme samaritaine pécheresse, et pour parler aux habitants de la Samarie.
De même, Notre-Seigneur était unique dans ses pensées à propos des Gentils aussi. Ceux-ci étaient méprisés des gens. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ dit ouvertement à propos du centurion romain: "Je vous le dis en vérité, même en Israël je n'ai pas trouvé une aussi grande foi" (Matt. 8:10). Il prononça les mêmes paroles à propos de la femme cananéenne. Dans la plupart des relations de Nore-Seigneur avec les gens, Il se tenait seul d'une part, et tout le monde se tenait loin de Lui, de l'autre part.
Les juifs se réunirent autour d'une femme adultère surprise en flagrant délit. Il avaient des pierres en main pour la lapider. Tous avaient une seule pensée, c'est que cette pécheresse devait mourir. Mais Jésus avait une autre pensée: "Que celui-là de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle" (Jean 8:7). Quand Il leur dit cela, tous s'en allèrent. Le Seigneur dit à la femme: "je ne te condamne pas non plus; va, et ne pèche plus" (Jean 8:11).
Notre-Seigneur Jésus-Christ avec ce cœur aimant se tenait seul, et le monde entier s'étonnait de Lui, ce monde qui s'occupe des apparences plus que toutes choses. Rien ne prouve mieux ceci que ces deux incidents: l'incident des deux aveugles, et celui des enfants.
Le Seigneur sortait de Jérico. Deux aveugles interceptèrent son chemin en c'écriant: "Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David" (Matt. 20:30). Les gens pensèrent avec leur raisonnement mondain, que ces cris dérangeaient le Seigneur de la gloire. Ils reprirent les deux aveugles pour les faire taire. Mais Jésus, avec son bon cœur, appela à Lui les deux aveugles, et les guérit aimablement (Matt. 20: 29:34).
Il n'est pas dérangé par les cris et les demandes des gens, comme le sont les autres. Ce comportement se répéta aussi quand les enfants se pressèrent autour de Lui, et les gens pensèrent que ces petits l'ennuyaient, et ils les reprirent. Mais Il leur dit: "Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent" (Matt. 19:14).
Il EST UNIQUE DANS SA CONCEPTION DU SERVICE.
Tandis que tout le monde pensait que le Seigneur était venu pour régner sur Israël, et pour gouverner avec une pompe royale, et délivrer les juifs de la persécution des romains; le Seigneur pensait à un royaume spirituel où il règnerait sur les cœurs des gens, et Il leur disait dans plus d'une occasion: "Mon royaume n'est pas de ce monde" (Jean 18-36).
Il comprenait le service sur ce fondement: que c'est une croix que porte le servant sur une terre mouillée de sueur et de larmes……Mais ces apôtres ne comprenaient pas ces idées.
Ainsi, quand il parlait à ses apôtres disant qu'il fallait qu'Il soit livré aux gens et qu'Il soit tué, qu'Il doit mourir et être enseveli, l'apôtre Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: "A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t'arrivera pas." Mais Jésus, se retournant dit à Pierre: "Arrière de moi, Satan! Tu m'es un scandale" (Matt. 16: 22-23). Comment donc le monde aurait-il pu être sauvé si le conseil du pauvre Pierre avait été suivi!
Ainsi aussi, tandis que le Seigneur mettait continuellement sa croix devant ses yeux, nous voyons les apôtres laisser leur maître seul dans ses pensées, discutant entre eux "Qui donc est le plus grand!" (Matt. 18:1); et nous voyons les fils de Zébédée venir à Lui avec leur mère, se prosterner et demander qu'ils soient assis, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche dans son royaume! Mais le Seigneur rendit ces deux apôtres à la vraie connaissance et au chemin du service en leur disant: "Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé?" (Matt. 10:38).
Même en ce qui concerne la définition du service, nous voyons Notre-Seigneur Jésus-Christ se tenir seul dans ses idées. Il rassembla la foule autour de Lui et leur parla des paroles de grâce pendant de longues heures jusqu'à ce que vint le soir, et alors "les apôtres s'approchèrent, et lui dirent: "Renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver des vivres" (Luc9:12). Oh les apôtres! Ils n'étaient pas encore mûrs. Est-ce qu'ils pensaient que le service n'est simplement que des mots que l'on dit aux gens? Ou bien que c'est la charité active! Ainsi le Seigneur leur répondit: "Ils n'ont pas besoin de s'en aller: donnez-leur vous-mêmes à manger" (Matt. 14:16).
UNIQUE DANS LE SERVICE.
Le monde est bondé de ses serviteurs qui se font la concurrence les uns aux autres. Toute personne qui a un projet trouve plusieurs autres qui se joignent à lui pour l'aider. Tandis que le Seigneur, à Lui soit la gloire, se tient seul……. Il a dit depuis près de vingt siècles, et Il ne cesse de dire jusqu'à présent: " La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson" (Matt. 9: 37-38). Il n'y a personne qui se joint au Seigneur dans son travail. Chacun dit: "suis-je le gardien de mon frère? " (Gen. 4:9).
Je vous décrirai, mon cher frère, quelques cas que j'ai vus de mes yeux……
Une femme pauvre avec son mari et neuf enfants dont le plus grand est un jeune homme frivole, et le suivant en âge est un petit garçon. Tout le revenu de cette famille est quatre piastres par jour que l'homme gagne de la vente des citrons par exemple. Il achète avec cela du pain que les enfants affamés se disputent, puis il se passe des moments où ils ne trouvent rien à manger. La pauvre mère porte quelques-uns d'entre eux à un asile ou à une association pour mendier de la nourriture pour eux. Que dire de leurs vêtements qui ne couvrent rien de leurs corps; comment supportent-ils avec ces vêtements, le froid de l'hiver et la chaleur de l'été! Que dire du loyer de leur chambre, et de la propriétaire de la maison qui menace de les chasser, et les comble d'injures et d'insultes toutes les fois qu'ils sont incapables de payer le loyer.
Une autre femme était veuve et vivait avec ses enfants. Elle travaillait dans une association religieuse comme couturière. Elle tomba malade pour deux mois, peut-être à cause de sa faiblesse et du manque de nourriture. Le résultat fut que l'association se passa de ses services pour cause de maladie. Quand la pauvre veuve se releva de sa maladie, et je ne sais ni comment elle avait subi un traitement médical, ni comment elle avait payé le prix des médicamments, je dis que quand elle se releva, elle se trouva seule, et le monde était tout sombre alentour.
Une autre veuve qui était jeune avec deux enfants, habitait une chambre humide dans un sous-sol. Elle payait un loyer de trente piastres. Elle et ses enfants étaient menacées de tuberculose et d'autres maladies, et avant tout, elle était en danger de perdre la foi, de se corrompre et de dévier du droit chemin. Comment vivre? Elle travaillait comme laveuse, mais elle n'avait pas la force de laver à cause de sa faiblesse qui était dûe à sa faim,et elle ne trouvait personne qui l'employait.
Il y a beaucoup d'autres cas, et Notre-Seigneur Jésus-Christ se tient seul à s'occuper de ces gens-là. Il les nourrit et allège leurs souffrances, il les console et leur apprend la patience et la tolérance. Dans tout cela. Il voudrait s'associer à quelques-uns d'entre nous les pécheurs, dans l'honneur du service. Mais malgré cela il regarde et trouve la moisson abondante, et peu d'ouvriers, et tout le monde s'en va chacun aux siens en le laissant seul.
QUI EST LE PERDANT DANS CETTE SOLITUDE?
Naturellement, ce n'est pas Notre-Seigneur Jésus-Christ, car Il n'est pas seul parce que le Père est avec Lui, et Il n'a pas besoin de notre servitude, mais c'est nous qui avons besoin de sa seigneurie.
Quand Il nous invite à nous tenir avec Lui dans sa solitude, c'est notre bien à nous auquel il vise. Car "si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?" (Rom. 8:31). Celui qui marche avec le Christ trouvera un délice spirituel spécial: "J'ai désiré m'asseoir à son ombre, et son fruit est doux à mon palais" (Cant. 2:3). De même qu'en compagnie du Seigneur, il ne craindra aucun mal: "Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi; ta houlette et ton bâton me rassurent" (Ps. 23:4); "Si une armée se campait contre moi, mon cœur n'aurait aucune crainte" (Ps. 27:3).
Voici le Christ demeurant debout seul, frappant la porte afin que si vous Lui ouvrez, Il entrera, soupera avec vous, et vous avec Lui (Apoc.3:20)
Est-ce que vous vous obstinez encore à le laisser se tenir seul?

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